Dermatose nodulaire contagieuse bovine en Europe - point de situation 2016-02 au 02/05/2016
Alizé Mercier (1,2), Julien Cauchard (3), Elena Arsevska (1,2), Renaud Lancelot (1,2)
(1) Cirad, UMR Contrôle des maladies animales exotiques et émergentes (CMAEE), Montpellier, France
(2) Inra, UMR 1309 CMAEE, Montpellier, France
(3) Unité Epidémiologie, Anses-Lyon, France
Depuis la dernière mise à jour du 27 avril 2016, la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) continue sa progression dans le sud des Balkans avec quatre nouveaux foyers déclarés en Grèce, seize en Bulgarie et trois en Macédoine. Le risque de propagation dans la région reste élevé, et les autorités bulgares prévoient une campagne de vaccination de masse.
MACEDOINE
La DNCB continue sa progression en Macédoine avec la déclaration de quatre foyers au total. Le 26 avril 2016, un foyer a été déclaré dans une ferme à Stip dans le centre du pays, puis deux nouveaux foyers ont été déclarés le 27 avril à Zleovo et à Vetren, près de la frontière bulgare. Un premier foyer avait été déclaré le 22 avril 2016 à Negotino dans le centre du pays, à une distance d’environ 70 km du dernier foyer déclaré en Grèce le 18 avril 2016. Ce foyer avait été identifié le 18 avril lors d’une campagne de sensibilisation auprès des éleveurs et des vétérinaires en Macédoine.
Des mesures additionnelles de screening, zoning, de traçabilité et de contrôle des vecteurs ont été mises en place depuis la déclaration du premier foyer. Des mesures d’abattage restent à instaurer. Lors de la première déclaration de DNCB, les mesures de contrôle organisées incluaient la désinfection des établissements infectés, la quarantaine, la restriction des mouvements d’animaux à l’intérieur du pays, la destruction officielle des cadavres, produits dérivés et des déchets, la surveillance à l’intérieur de la zone de confinement ou de protection, et l’abattage sanitaire partiel.
BULGARIE
Deux premiers foyers de DNCB avaient été identifiés le 13 avril 2016 dans le Sud du pays (Dimitrovgrad). Depuis cette date, les autorités bulgares ont déclaré un total de 31 foyers de DNCB dont seize dans la semaine du 25 avril, et le foyer le plus récent déclaré le 27 avril 2016 (Tableau 1).
Les autorités sanitaires prévoient une campagne de vaccination de masse (150 000 doses) pour immuniser tous les animaux d'espèces réceptives dans un rayon de 20 km autour des foyers. D’autres mesures de contrôle adoptées incluent la restriction des mouvements d’animaux à l’intérieur du pays, le dépistage, la désinfection des établissements infectés, la traçabilité, l’abattage sanitaire, la destruction officielle des cadavres, produits dérivés et déchets, la surveillance à l’intérieur de la zone de confinement ou de protection, et la lutte contre les vecteurs.
GRECE
En Grèce, les deux premiers foyers de DNCB ont été identifiés le 21 août 2015 à Evros, dans les régions de Macédoine de l'Est et de Thrace. Depuis cette date, 131 foyers ont été déclarés au total, dont trois nouveaux foyers confirmés les 26 et 27 avril 2016 (Tableau 1). La maladie semble avoir progressé et a affecté de nouvelles régions, parmi lesquelles les régions frontalières avec la Bulgarie (Figure 1).
Une campagne de vaccination a été initiée le 25 septembre 2015 dans les unités administratives régionales de Xanthi, Rhodope, Kavala, Thessaloniki, Drama, Serres et Kilkis. Des mesures supplémentaires de contrôle ont été mises en place, parmi lesquelles la désinfection des sites, une surveillance épidémiologique des mesures de zonage et de quarantaine, la restriction des mouvements de troupeaux ainsi que le contrôle des populations d'insectes vecteurs.
VITESSE DE PROPAGATION
Selon deux méthodes de modélisation de la vitesse de dispersion d’une maladie (krigeage et TPSR) mises au point par Tisseuil et al (2015), la moyenne sur l’année 2016 depuis janvier de la vitesse de dispersion du virus de la DNCB dans les Balkans est d’environ 75 km par semaine (si la distance maximale de dispersion du virus est estimée à 100 km par semaine), ce qui indique une vitesse de propagation très élevée. En janvier 2016, la vitesse de propagation de la DNCB était estimée à environ 20 km par semaine, puis elle a augmenté jusque début mars pour se stabiliser avant de reprendre une augmentation plus importante, particulièrement fin mars/début avril qui correspond à la première introduction du virus en Macédoine (Figure 2). Ces modèles se basent sur des données de foyers en Turquie, Grèce, Bulgarie et Macédoine depuis le 1er janvier 2016.
Tableau 1: Nombre de foyers de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) déclarés en Grèce, Bulgarie et Macédoine – situation au 2 mai 2016
Figure 1: Foyers de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) déclarés d'août 2015 à avril 2016 (au 2 mai 2016)
Figure 2: Modélisation de la vitesse de propagation du virus de la dermatose nodulaire contagieuse selon deux méthodes (krigeage et TPSR) - Tisseuil et al, 2015
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) appartient au groupe des varioles des ruminants, infections à déclaration obligatoire auprès de l’OIE et soumises à la réglementation de la Commission européenne (82/894/EEC, 89/162/EEC). Les bovins constituent l'espèce cible de l'agent causal, le virus de la dermatose nodulaire contagieuse, appartenant au genre Capripoxvirus, famille de Poxvirus. La transmission « mécanique » par des insectes hématophages semble le mode préférentiel, bien que la transmission indirecte/directe soit également possible.
La principale méthode de prophylaxie contre les Capripoxvirus est la vaccination. Dans les pays indemnes, la prévention de l’introduction se fait par l’interdiction des importations de bétail, carcasses, cuirs, peaux et semence en provenance de zone infectée. Dans les pays infectés, l’OIE recommande une quarantaine stricte pour éviter l'introduction d'animaux infectés dans les troupeaux indemnes. En cas de foyer, les mesures à prendre sont l’isolement des animaux et l’interdiction des déplacements, l’abattage de tous les animaux malades et infectés, l’incinération des animaux morts, la désinfection des locaux et des outils et une lutte contre les vecteurs présents dans les locaux et sur les animaux. À l'exception de la vaccination, les mesures prophylactiques sont inefficaces (OIE Manuel terrestre, 2008).
Référence :
Tisseuil, C., Gryspeirt, A., Lancelot, R., Pioz, M., Liebhold, A., & Gilbert, M. (2015). Evaluating methods to quantify spatial variation in the velocity of biological invasions. Ecography.