Epidémiosurveillance en santé animale

Situation épidémiologique des virus IAHP issus du clade 2.3.4.4 en Europe au 6 mars 2018

Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Anne Bronner (Dgal), Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Sylvain Falala (Inra), Alizé Mercier (Cirad)

Pour l’ONCFS : Anne Van De Wiele

Auteur correspondant : alize.mercier@cirad.fr

 

Source : Données actualisées au 06/03/2018 inclus – ADNS, OIE, FAO Empres-i, DGAL, ProMED

 

Depuis le dernier point de situation au 21 février 2018 (lien), le virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de sous-type H5N6 a été détecté pour la première fois au Danemark chez un pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) retrouvé mort le 13 février dans une forêt à proximité de Slagelse (déclaration ADNS 02/03/2018). Le Royaume-Uni a déclaré six nouveaux cas de H5N6 au sein de l’avifaune sauvage, et les Pays-Bas ont déclaré un nouveau cas de H5N6 chez un fuligule milouinan (Aythya Marila) retrouvé mort le 20 février, et un nouveau foyer dans une exploitation de volailles (espèce non précisée) le 28 février.



Par ailleurs, alors que les derniers foyers de H5N8 dataient de décembre 2017, le virus a été identifié le 2 mars en Italie au sein d’un élevage de poules pondeuses de la région de Bergame, et en Bulgarie au sein d’un élevage de poules pondeuses de la région de Dobrich (source : ADNS).



Du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 inclus, un total de 89 foyers et cas d’IAHP H5 (dont 52 foyers et cas d’H5N8) ont été déclarés dans dix pays européens : Italie, Bulgarie, Chypre, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni, Irlande, Suède et Danemark (Tableau 1, Figure 1). Deux sous-types ont été identifiés : H5N8 et H5N6.

Figure 1 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 inclus (source : ADNS)

Figure 1 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 inclus (source : ADNS)



Tableau 1: Nombre de cas et de foyers chez des oiseaux domestiques, sauvages et captifs, déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 par sous-type et par pays (source : ADNS)

Tableau 1: Nombre de cas et de foyers chez des oiseaux domestiques, sauvages et captifs, déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 par sous-type et par pays (source : ADNS)

 

PLUSIEURS FILIERES ET PLUSIEURS ESPECES D'OISEAUX SAUVAGES ATTEINTES EN EUROPE DEPUIS LE 1er OCTOBRE 2017



En élevage, plusieurs filières ont été atteintes, que ce soit des dindes en engraissement, des canards, des oies, des poules pondeuses ou des poulets, au sein d’élevages commerciaux, ainsi que dans des basses-cours.



Au niveau de l’avifaune sauvage, le tableau 2 reprend les oiseaux impliqués.

 

Tableau 2: Liste des espèces d'avifaune sauvage impliquées dans les cas d'IAHP en Europe du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 (source : ADNS) (en jaune : les nouvelles espèces/localisations depuis le dernier point)

Tableau 2: Liste des espèces d'avifaune sauvage impliquées dans les cas d'IAHP en Europe du 1er octobre 2017 au 6 mars 2018 (source : ADNS) (en jaune : les nouvelles espèces/localisations depuis le dernier point)

 

Le pigeon biset fait partie des colombidés, une famille a priori particulièrement peu réceptive aux souches d’IA en général. Les seuls cas de colombidés au monde identifiés impliquant la souche H5N8 avaient été identifiés dans le Sud-Ouest de la France (2 palombes et 5 tourterelles), en lien direct avec des élevages atteints, avec l’hypothèse d’une charge virale particulièrement importante développée dans les élevages avicoles atteints ; l’hypothèse est similaire pour l’Italie. La liste des espèces sauvages sensibles aux virus IA en Europe a été mise à disposition dans le journal de l’EFSA (Scientific opinion, adopté le 14 Septembre 2017, doi: 10.2903/j.efsa.2017.4991).



Les migrations vers le Sud sont terminées depuis plusieurs mois. Les migrations Sud-Nord ont activement démarré.



DETECTION D'UN VIRUS H5N2 EN RUSSIE



Le 29 décembre 2017, la Russie a déclaré un foyer d’IAHP H5N2 au sein d’un élevage de volailles de plus de 660 000 oiseaux, dans la région de Kostroma, au Nord-Ouest de Moscou (déclaration OIE 29/12/2017). Ce foyer avait initialement été notifié comme un foyer de H5N8 trois jours auparavant.



C’est la première déclaration d’IAHP H5N2 en Russie, la dernière présence déclarée de virus H5N2 en Europe remontant à janvier 2017 avec trois foyers au sein d’élevages en France. Toutefois, ces deux virus peuvent diverger. En effet, concernant l’origine de ce virus, deux hypothèses peuvent être formulées :

  • la mutation d’un virus H5N2 FP présent au sein de l’élevage, en virus HP (comme ce fut le cas en 2015 avec le virus H7N7 au Royaume-Uni et en Allemagne, ou les virus H5N1 et H5N2 en France),
  • un réassortiment entre le virus H5N8 HP qui a circulé en 2016-2017 avec une souche FP eurasienne, comme pour le H5N6 en Europe. En effet, les virus du clade 2.3.4.4 ont un fort potentiel de mutation, comme cela a été constaté avec l’apparition des virus H5N5 et H5N6 suite à la circulation de H5N8 en Europe lors de la saison 2016-2017.

Quoi qu’il en soit, des analyses supplémentaires sont nécessaires pour mieux définir l’origine, le lien entre et la composition génétique de ces nouveaux virus, et l’évolution de la situation épidémiologique en Europe est à suivre avec vigilance.

 

 

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