Bilan de la campagne de dépistage de l'influenza aviaire chez les palmipèdes gras avant mouvement vers un autre site d'élevage entre le 01/12/2017 et le 15/01/2018

Axelle Scoizec¹, Eric Niqueux², Audrey Schmitz², Adeline Huneau-Salaün¹, Anne Bronner³, Sophie Le Bouquin¹

Auteur correspondant : axelle.scoizec@anses.fr

¹    Anses-Ploufragan, Unité Epidémiologie aviaire, Ploufragan, France 

²    Anses-Ploufragan, LNR influenza aviaire, Ploufragan, France 

³    DGAl, Bureau de la santé animale, Paris, France 

Une première campagne de dépistage obligatoire de l’influenza aviaire sur les lots de canards prêts à gaver (PAG) avant leur mouvement vers une salle de gavage située sur un autre site d’élevage a été conduite entre le 1^er décembre 2017 et le 15 janvier 2018 selon les modalités décrites dans l’arrêté ministériel du 8 février 2016 modifié et l’instruction technique DGAL/SDSPA/2017-906 du 16/11/2017. Dans les dix jours précédant le mouvement prévu, les lots étaient contrôlés par un écouvillonnage oro-pharyngé et cloacal de vingt canards. L’analyse virologique des mélanges de cinq écouvillons, était réalisée par un laboratoire reconnu ou agréé selon les méthodes officielles ou reconnues (http://agriculture.gouv.fr/laboratoires-agrees-et-methodes-officielles-en-sante-animale). A noter que la surveillance n’est appliquée qu’aux lots de PAG transférés vers un atelier de gavage sur une autre exploitation ; les résultats obtenus sont représentatifs de cette population (exhaustivité des lots contrôlés en fin de pré-gavage avant mouvement) mais pas des lots élevés et gavés sur la même ferme (système de production dit « autarcique »). 

Parmi les 21 laboratoires reconnus ou agréés, dix ont réalisé des analyses pour cette campagne de dépistage, huit n’en ont pas fait et trois n’ont pas répondu. Au total, sur les 969 lots contrôlés, 51 (5,3 % des lots) se sont révélés positifs par RT-PCR temps réel gène M, montrant la présence d’un virus influenza de type A. Parmi ces lots, deux (0,2 %) ont été contrôlés positifs vis-à-vis d’un virus faiblement pathogène (IAFP) (H5N2 et H5N3 respectivement), situés dans les départements des Landes (40) et du Lot-et-Garonne (47). Les 49 autres lots de canards étaient positifs vis-à-vis de virus influenza A qui n’étaient ni de sous-type H5 ni de sous-type H7, dont la caractérisation sera réalisée dans un second temps par le laboratoire national de référence. Les résultats détaillés par département et région d’origine des lots sont présentés dans le tableau.

Les lots contrôlés se situaient dans cinq régions (à l’exception d’un seul lot situé dans la région Centre-Val de Loire) : 466 lots en Nouvelle-Aquitaine (48 % des contrôles), 343 en Occitanie (35 %), 115 en Pays de la Loire (12 %), 30 en Bretagne (3 %) et 14 en Auvergne-Rhône-Alpes (1 %). La région Bretagne présentait la proportion de lots positifs à la recherche du gène M des virus influenza de type A la plus élevée parmi ces cinq régions (16,7 % vs 4,9 % pour l’ensemble des autres régions). Il semblerait, au vu des résultats de cette campagne et malgré le faible nombre de lots contrôlés en région Bretagne, que la circulation de virus d’influenza aviaire était nettement plus importante parmi les lots de PAG de celle-ci en comparaison des autres régions, à cette période. 

Les résultats des départements avec des analyses positives par RT-PCR gène M et dans lesquels au moins dix lots ont été contrôlés sont présentés dans la figure. Considérant ces résultats, on s’aperçoit que la situation épidémiologique au sein d’une même région n’est pas homogène et que des niveaux de prévalence proches de ceux rencontrés en région Bretagne sont mesurés dans des départements des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Ainsi les trois départements dans lesquels au moins 10 % des lots contrôlés étaient positifs par RT-PCR gène M sont situés respectivement dans trois régions : département des Côtes d’Armor (22) en Bretagne (14 % de lots gène M positifs), département des Hautes-Pyrénées (65) en Occitanie (13 %) et département des Landes (40) en Nouvelle-Aquitaine (10 %).

En conclusion, d’un point de vue global, la situation concernant la circulation de virus d’influenza aviaire dans les lots de palmipèdes PAG s’est avérée favorable au cours de cette période décembre 2017 à mi-janvier 2018 :

• absence de détection de virus IAHP de clade 2.3.4.4 (virus responsables de l’épizootie de l’hiver 2016-2017), ce qui est à mettre en lien avec l'absence de cas détecté dans l'avifaune sur le territoire et le faible nombre de cas détectés dans l'avifaune en Europe comparativement à 2016-2017,
• aucune introduction de nouveaux virus IAHP de sous type H5 ou H7 n’a été détectée,
• seulement 0,2 % des lots ont été détectés infectés par un virus IAFP de sous-type H5.

Cependant la situation à l’échelle de certains départements et de certaines régions, en particulier la Bretagne, ainsi que les premiers résultats obtenus à la reprise de la surveillance début février, incitent à poursuivre celle-ci et à maintenir la vigilance. Ces résultats seront complétés prochainement avec les résultats recueillis entre le 15 janvier et le 15 mars 2018, le dépistage avant mouvement de PAG ayant été prolongé jusqu’à cette date. 

Figure. Dépistage virologique de l’influenza aviaire des lots de canards prêts à gaver avant mouvement : nombre de contrôles (a) et prévalence d’excrétion de virus IA de type A (b) dans les départements avec au moins dix lots contrôlés et ayant des résultats détectés positifs en RT-PCR temps réel gène M (1^er décembre 2017 – 15 janvier 2018, France)

Tableau. Résultats par lot de canards prêts à gaver des analyses réalisées dans le cadre des autocontrôles influenza aviaire avant mouvement, du 1^er décembre 2017 au 15 janvier 2018