Dermatose nodulaire contagieuse en Europe – point de situation 2016-01 au 27/04/2016
Alizé Mercier (1,2), Julien Cauchard (3), Elena Arsevska (1,2), Renaud Lancelot (1,2).
(1) Cirad, UMR Contrôle des maladies animales exotiques et émergentes (CMAEE), Montpellier, France
(2) Inra, UMR 1309 CMAEE, Montpellier, France
(3) Unité Epidémiologie, Anses-Lyon, France
Depuis la dernière mise à jour du 15 avril 2016, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été identifiée en Macédoine et continue ainsi sa progression dans le sud des Balkans. Le risque de propagation dans la région est considéré comme élevé et les autorités vétérinaires roumaines, notamment, ont mis en place un plan de prévention.
MACEDOINE
Lors d’une campagne de sensibilisation auprès des éleveurs et des vétérinaires en Macédoine, des signes cliniques caractéristiques de la DNC ont été observés le 18 avril 2016 dans un troupeau de bétail dans la municipalité de Negotino. Suite à une confirmation du virus par PCR en Bulgarie, les services vétérinaires macédoniens ont déclaré le foyer de DNC auprès de l’OIE le 22 avril 2016, une première déclaration pour le pays. La source de contamination reste inconnue et la particularité de ce foyer est qu’il est situé dans le centre du pays, à une distance d’environ 70 km du dernier foyer déclaré en Grèce le 18 avril 2016 (Figure 1).
Des mesures de contrôle ont été organisées et incluent la désinfection des établissements infectés, la quarantaine, la restriction des déplacements à l’intérieur du pays, la destruction officielle des cadavres, produits dérivés et des déchets, la surveillance à l’intérieur de la zone de confinement ou de protection, et l’abattage sanitaire partiel. La lutte contre le vecteur reste encore à mettre en place, et la vaccination a été interdite.
GRECE
En Grèce, les deux premiers foyers de DNC ont été identifiés le 21 août 2015 à Evros, dans les régions de Macédoine de l'Est et de Thrace. Depuis cette date, 122 foyers ont été déclarés au total (Tableau 1). La maladie semble avoir progressé et a affecté de nouvelles régions, parmi lesquelles les régions frontalières avec la Bulgarie (Figure 1).
Une campagne de vaccination a été initiée le 25 septembre 2015 dans les unités administratives régionales de Xanthi, Rhodope, Kavala, Thessaloniki, Drama, Serres et Kilkis. L'unité régionale d’Evros a elle été totalement couverte. Des mesures supplémentaires sont rapportées parmi lesquelles, la désinfection des sites, une surveillance épidémiologique des mesures de zonage et de quarantaine, la restriction des mouvements de troupeaux ainsi que le contrôle des populations d'insectes vecteurs.
BULGARIE
En Bulgarie, deux premiers foyers de DNC ont été identifié le 13 avril 2016 dans le Sud du pays (Dimitrovgrad). Depuis cette date, les autorités bulgares ont déclaré 15 foyers de DNC avec le foyer le plus récent déclaré le 21 avril 2016 (Tableau 1).
Des mesures de contrôle ont été adoptées, incluant l'abattage sanitaire, la destruction des carcasses, produits dérivés et déchets contaminés ainsi que la désinfection et désinsectisation des fermes affectées. Une zone de restriction a été établie sur une large région sud de la Bulgarie (13 provinces) avec une restriction des mouvements animaux dans et depuis cette zone ainsi qu'une surveillance clinique hebdomadaire (deux inspections vétérinaires par semaine) des fermes situées dans la zone.
Figure 1: Foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) déclarés d'août 2015 à avril 2016
Tableau 1: Nombre de foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) déclarés en Grèce, Bulgarie et Macédoine
La DNC appartient au groupe des varioles des ruminants, infections à déclaration obligatoire auprès de l’OIE et soumises à la réglementation de la Commission européenne (82/894/EEC, 89/162/EEC). Les bovins constituent l'espèce cible de l'agent causal, le virus de la dermatose nodulaire contagieuse, appartenant au genre Capripoxvirus, famille de Poxvirus. La transmission « mécanique » par les insectes hématophages semble le mode préférentiel, bien que la transmission indirecte/directe soit également possible.
La principale méthode de prophylaxie des Capripoxvirus est la vaccination. Dans les pays indemnes, la prévention de l’introduction se fait par l’interdiction des importations de bétail, carcasses, cuirs, peaux et semence en provenance de zone infectée. Dans les pays infectés, l’OIE recommande une quarantaine stricte pour éviter l'introduction d'animaux infectés dans les troupeaux indemnes. En cas de foyer, les mesures à prendre sont l’isolement des animaux et l’interdiction des déplacements, l’abattage de tous les animaux malades et infectés, l’incinération des animaux morts, la désinfection des locaux et des outils et une lutte contre les vecteurs présents dans les locaux et sur les animaux. À l'exception de la vaccination, les mesures prophylactiques sont inefficaces (OIE Manuel terrestre, 2008).