Deux cas équins d’infection à virus West Nile identifiés dans le Sud de la France, en Camargue – fin août 2015
Sylvie Lecollinet (Anses, Laboratoire de santé animale, Maisons-Alfort – LNR West-Nile)
Avec la contribution du groupe de suivi West-Nile de la Plateforme ESA
La surveillance événementielle des syndromes neurologiques chez les équidés en France a permis d’identifier deux cas autochtones d’infection à virus West Nile, chez deux chevaux présentant des signes cliniques nerveux (ataxie, troubles de la conscience et/ou tremblements) depuis les 11 et 17 août 2015 et stationnés dans les Bouches-Du-Rhône et dans le Gard respectivement, en périphérie de la zone Camarguaise. L’infection à virus West Nile a été rapportée à plusieurs reprises dans le Sud de la France (Camargue dès les années 60, dans l’Hérault en 2000 puis dans le Var en 2003, dans les Bouches du Rhône et le Gard en 2004 et les Pyrénées Orientales en 2006) ; les derniers cas d’infection à virus West Nile en Camargue remontent à 2004 chez les chevaux et à 2009-2010 chez les oiseaux sauvages (enquête sérologique dans l’avifaune).
L’infection à virus West Nile est une maladie non contagieuse, transmise principalement par la piqûre de moustiques (du genre Culex) infectés. Le virus est amplifié selon un cycle moustique-avifaune-moustique et peut être inoculé par un moustique au cheval ou à l’Homme. Le cheval et l’Homme sont des hôtes très sensibles à l’infection et peuvent développer une méningo-encéphalite sévère (dans moins d’un cas sur 10 chez le cheval et environ 1 cas sur 140 chez l’Homme, la majorité des infections passant inaperçues ou prenant la forme d’une pseudo-grippe estivale). Le cheval ou l’Homme constituent cependant des culs-de-sac épidémiologiques ; un cheval ou un homme infecté multiplie peu le virus et ne permettra pas la réinfection de moustiques naïfs se gorgeant sur ces hôtes (pas de transmission possible cheval-Homme, cheval-cheval, Homme-cheval).
Les cas équins d’infection à virus West Nile observés en Camargue sont révélateurs d’un fort niveau d’amplification du virus au sein de l’avifaune résidente et des vecteurs moustiques et par conséquent d’un risque d’infection pour les autres équidés et l’Homme dans la zone. Des mesures de protection contre les piqûres de moustique sont donc actuellement recommandées dans les départements avec des cas d’infection à virus West Nile, soit les Bouches-Du-Rhône et le Gard (assèchement des habitats larvaires des moustiques, désinsectisation des locaux, utilisation de répulsifs cutanés, de moustiquaires, port de vêtements longs en particulier).
La surveillance évènementielle chez l’Homme, les équidés et dans l’avifaune a été renforcée (NS DGAl, messages d'alerte de l'ONCFS à l’attention du réseau SAGIR et des laboratoires départementaux d’analyse, messages de sensibilisation des Agences Régionales de Santé aux praticiens hospitaliers, appels à la vigilance à destination des vétérinaires équins et détenteurs d’équidés lancés par le RESPE et NEVA). Les cas de méningo-encéphalites chez l’Homme et le cheval devront faire l’objet de déclarations auprès des services compétents (CIRE, DDPP), accompagnées des prélèvements adéquats (sang pour sérologie principalement, et si possible sang EDTA, liquide céphalo-rachidien et urine pour recherche virologique).
De plus, les mortalités d'oiseaux (même isolées) observées par le réseau SAGIR et si possible les réseaux de naturalistes et les centres de sauvegarde de la faune sauvage dans les départements de la côte méditerranéenne (y compris la Corse) et concernant des espèces très sensibles à l’infection (corvidés, passéridés, rapaces, turdidés) feront l’objet d’une recherche du virus West Nile. Un groupe de travail ad hoc a été mis en place au niveau de la Plateforme ESA pour définir très rapidement les modalités de surveillance événementielle et programmée qui permettront de préciser la situation épidémiologique chez les équidés et d’estimer l’étendue des zones méditerranéennes concernées par la circulation du virus West Nile.