Progression de la peste porcine africaine en Chine
Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Yves Lambert (DGAl), Alizé Mercier (Cirad)
Pour la DGAL : Guillaume Gerbier, Edouard Réveillaud
Auteur correspondant : alize.mercier@cirad.fr
Sources : OIE, FAO (rapport du 09/11/2018) , ProMED, article Reuters 16/08, Communiqué de presse Cirad 19/09/2017, média chinois
Depuis le premier foyer du 3 août 2018, les autorités chinoises ont déclaré la présence de la peste porcine africaine (PPA) dans 17 provinces de la moitié Est du pays impliquant 66 « villages » (avec dans certains cas plusieurs élevages par village) (Figure 1).
Depuis le 2 novembre, la PPA a été détectée dans trois nouvelles provinces : Chongqing, Hubei, Jiangxi et Fujian (Figure 1).
Plus de 470 000 porcs en sont morts ou ont été abattus.
Le ministère de l’Agriculture chinois a indiqué que, selon des études réalisées (source des études non mentionnée), 62 % des 21 premiers foyers [soit 13 foyers sur 21] déclarés en Chine sont liés à des eaux grasses (voir rapport FAO 02/11/2018). Une interdiction de l’utilisation d’eaux grasses et des déchets alimentaires pour l’alimentation des porcs domestiques a été mise en place à l’échelle du pays.
Le 3 août, les autorités chinoises avaient déclaré un premier foyer de PPA à Shenyang dans la province de Liaoning (déclaration OIE 03/08/2018), ces animaux étaient nourris avec des eaux grasses (Xintao et al. 2018). Le virus appartient au génotype II et présente 100 % d’homologie avec des souches isolées en Géorgie, en Russie et en Estonie entre 2007 et 2014 (Xintao et al. 2018).
Plusieurs facteurs rendent très difficile la lutte contre la PPA en Chine : détection tardive, utilisation massive des eaux grasses, abattage des porcs très loin de leur cheptel d’origine. Ceci se reflète dans la répartition actuelle de la maladie sur la moitié Est du pays et fait craindre que la maladie soit désormais difficile à maîtriser. De plus, la détection du virus au sein de produits contaminés en Corée et au Japon, ainsi qu’en Chine avant envoi à Taiwan (source : ProMED) met en évidence la difficulté à maitriser la circulation de produits contaminés à l’extérieur des zones infectées.
Figure 1. Foyers de PPA en Chine au 09/11/2018 (foyers récents en rouge) (source : Ministère de l’Agriculture de Chine, dans rapport FAO du 09/11/2018)
Si le risque de diffusion naturelle de la PPA à partir de la Chine apparaît aujourd’hui très faible pour l’Europe, il faut garder à l’esprit que le principal mode de diffusion de la PPA à moyenne et longue distances est dû à des aliments produits à partir d’animaux infectés. Les très nombreux échanges, en particulier touristiques (avec transport de nourriture associé), entre la Chine et l’Europe doivent représenter à ce titre un point de vigilance.
Références
Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). (2017). African Swine Fever Threatens People’s Republic of China (6 March 2018). FAO Animal Health Risk Analysis – Assessment, Issue No. 5. Rome, FAO.
Kolbasov, D., Titov, I., Tsybanov, S., Gogin, A., & Malogolovkin, A. (2018). African Swine Fever Virus, Siberia, Russia, 2017. Emerging Infectious Diseases, 24(4), 796-798. https://dx.doi.org/10.3201/eid2404.171238.
Swine health information center (2018). Special Announcement: Second Case of ASF in China. https://www.swinehealth.org/special-announcement-second-case-of-asf-in-china/
Vergne, T., Chen-Fu, C., Li, S., Cappelle, J., Edwards, J., Martin, V., Pfeiffer, DU., Fusheng, G., Roger, FL. (2017) Pig empire under infectious threat: risk of African swine fever introduction into the People's Republic of China. Veterinary Record 181, 117.
Xintao Zhou, Nan Li, Yuzi Luo, Ye Liu, Faming Miao, Teng Chen, Shoufeng Zhang, Peili Cao, Xiangdong Li, Kegong Tian, Huaji Qiu, Rongliang Hu (2018) Emergence of African Swine Fever in China, 2018. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/tbed.12989