Quatre nouveaux foyers d’infestation par le petit coléoptère des ruches détectés en Calabre (Mise à jour le 28/08/2016)
Stéphanie Franco (1), Marion Laurent (1), Pascal Hendrikx (2)
(1) Anses, Laboratoire de Sophia-Antipolis, Unité Pathologie de l’abeille, Sophia-Antipolis, France
(2) Anses, Unité de coordination et d’appui à la surveillance, Lyon, France
Quatre nouveaux foyers d’infestation par le petit coléoptère des ruches ont été détectés en Calabre les 25 et 28 juillet 2016. Ils sont situés à 100 Km environ de la première zone de protection établie à Gioia Tauro en septembre 2014.
Le système d’alertes sanitaires de l’OIE (WAHIS) rapporte qu’un premier foyer d’Aethina tumida a été détecté dans la province de Cosenza, en Calabre, le 25 juillet 2016 dans le cadre de la surveillance effectuée dans un rucher [1] composé de douze nucléi [2] (1). Seuls deux A. tumida adultes ont été observés dans ce foyer. L’enquête épidémiologique effectuée après la confirmation a conduit à identifier, le 28 juillet 2016, trois autres ruchers infestés appartenant au même apiculteur. Des adultes en faible nombre (maximum deux) ont été détectés dans ces trois foyers ; l’un d’entre eux était également infesté par des centaines de larves selon le Laboratoire national de référence (LNR) italien. L’ensemble des ruchers se trouve dans un rayon de 3 km. Une interdiction des déplacements est appliquée dans une zone d’un rayon de 10 km autour des quatre foyers identifiés (Figure 1). Les foyers sont à environ 100 km de la première zone de protection établie à Gioia Tauro en Calabre en septembre 2014 où, à ce jour, tous les foyers ont été détectés (Figure 2). Des inspections sont en cours dans d’autres ruchers dans une zone de 1 km de rayon autour du premier foyer détecté à Cosenza, avec des résultats négatifs à la date du 28 août 2016 (Figure 1). Une enquête épidémiologique est en cours pour établir le chemin d’introduction (2).
A l’échelle de l’ensemble de ces foyers, six colonies se sont révélées infestées sur les 128 présentes. La totalité des colonies de ces ruchers ont été détruites.
Contrairement aux précédents cas détectés en Calabre, la distance entre ces nouveaux foyers et la zone de protection en place dans la région est particulièrement importante (environ 100 km, Figure 3). Cet éloignement peut laisser supposer que la dissémination de l’infestation n’est pas liée à une dispersion naturelle d’A. tumida mais pourrait être liée aux activités humaines, et plus particulièrement apicoles. Le travail de modélisation effectué par l’Autorité Européenne de Sécurité Sanitaire des Aliments (EFSA) indique en effet qu’en l’absence de mouvements de ruches, il faudrait plus de 100 ans pour que la dispersion naturelle du petit coléoptère atteigne la région des Abruzzes située à environ 250 km de la Calabre (3).
Par ailleurs, et comme dans la plupart des précédents foyers, il est à noter qu’un nombre faible de colonies ont été retrouvées infestées et que seuls deux ruchers présentaient des larves. Une première explication optimiste peut être donnée à ces observations à savoir une faible reproduction et circulation du parasite, liée au caractère récent de l’introduction du parasite et à l’efficacité des mesures de lutte mises en place. La presse apicole (4) et notamment un scientifique allemand (5) se font l’écho d’explications moins favorables comme le refus de certains apiculteurs de déclarer les cas aux autorités officielles italiennes et une volonté de masquer les cas lors des inspections sanitaires. Toujours selon ces mêmes sources, les inspections seraient réalisées de manière hétérogène par manque de formation des inspecteurs conduisant à une sous-estimation du taux d’infestation des colonies en raison d’inspections incomplètes ou arrêtées dès la découverte des premiers spécimens d’A. tumida dans la ruche.
La présence de larves d’A. tumida dans deux des quatre foyers est enfin le signe d’un développement déjà avancé du parasite dans les colonies touchées, indiquant une détection peu précoce de l’infestation.
Ces différents éléments montrent une nouvelle fois la difficulté à éradiquer l’infestation sur le territoire italien et soulignent l’importance de maintenir un niveau de vigilance élevé vis-à-vis de l’introduction du petit coléoptère des ruches en France.
Références
OIE-WAHIS. Small hive beetle infestation (Aethina tumida),Italy (29/07/2016). Follow-up report No 7. http://www.oie.int/wahis_2/public/wahid.php/Reviewreport/Review?page_re…
Istituto Zooprofilattico Sperimentale delle Venezie. Aethina tumida in Italy: updates. http://www.izsvenezie.com/aethina-tumida-in-italy/. Page consultée le 12/09/2016.
EFSA AHAW Panel (EFSA Panel on Animal Health and Welfare), 2015. Scientific opinion on the survival, spread and establishment of the small hive beetle (Aethina tumida). EFSA Journal 2015;13(12):4328, 77 pp. doi:10.2903/j.efsa.2015.4328
Abeille de France, 2016. Les nouvelles du petit coléoptère des ruches. Abeille de France, 30, n°1033, mars 2016.
Spiewok S. (2016) Wir versuchen das selbst zu regeln. Deutsches Bienen-Journal. 4/2016. 6-9.
Figure 1 : Localisation des quatre foyers d’Aethina tumida identifiés les 25 et 28 juillet 2016 dans la province de Cosenza (situation au 26 août 2016). (Source : IZSV)
Figure 2 : Localisation des foyers d’Aethina tumida découverts en 2016 dans la zone initiale d’infestation de Reggio di Calabria au 26/08/2016 (Source : IZSV)
Figure 3 : Zone de surveillance en Calabre au 26 août 2016. (Source : IZSV)
[1] Un rucher est un ensemble de ruches réunies sur un même emplacement.
[2] Un nuclei est une petite colonie d'abeilles, ayant généralement de deux à cinq cadres de couvain. Ils servent pour l'élevage ou le stockage des reines ou pour démarrer une nouvelle colonie.