Résultats de la surveillance de l’influenza aviaire H5 en France - Point de situation-4 au 01/02/2016
Adeline Huneau-Salaün (1), Manon Hamon (2), Mathilde Saussac (3), Eric Niqueux (4), Axelle Scoizec (5), Audrey Schmitz (4), François-Xavier Briand (4), Virginie Michel (1), Alexandre Fediaevsky (2), Didier Calavas (6), Pascal Hendrikx (3), Anne Bronner (2), Sophie Le Bouquin (1)
(1) Unité Epidémiologie Anses-Ploufragan (2) DGAl (3) Unité UCAS, Anses, Direction des laboratoires (4) Unité Virologie, Laboratoire National de Référence, Anses-Ploufragan (5) DRAAF Aquitaine – SRAL, (6) Unité Epidémiologie Anses-Lyon
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Synthèse de la semaine
- Déclaration d'une nouvelle suspicion clinique, infirmée
- Seize ateliers de sélection-multiplication enquêtés (8 en palmipèdes, 8 en Gallus)
- Un nouveau foyer déclaré dans un élevage de sélection-multiplication de Palmipèdes, situé en zone de restriction, portant à 70 le nombre de foyers d'IA H5HP.
- 157 élevages identifiés comme étant en lien épidémiologique avec 38 foyers enquêtés complètement. Tous les élevages en lien épidémiologique sont situés en zone de restriction.
- Description des taux de mortalités pour 57 foyers : 20 ayant présenté des signes cliniques, avec des taux de mortalité les plus élevés observés dans des troupeaux de poulets et de pintades mais des mortalités supérieures à 15 % également relevées dans des ateliers de canards gras.
1.Résultats de la surveillance évènementielle
Entre le 25/01 et le 01/02/2016, une nouvelle suspicion clinique a été rapportée à la DGAL dans une basse-cour de galliformes dans le Tarn ; cette suspicion a été infirmée (tableau 1). Au total, 76 suspicions cliniques ont été émises sur des volailles depuis le début de l’épizootie, dont 27 ont été confirmées positives pour un influenza virus H5 HP (figures 1 et 2).
Tableau 1 : Nombre de suspicions cliniques IA H5 en fonction de la production en France entre le 01/11/2015 et le 01/02/2016
Figure 1 : Répartition géographique des suspicions cliniques d'influenza aviaire au 01/02/2016 (cliquez sur la carte pour la télécharger au format .pdf)
Figure 2 : Variation hebdomadaire du nombre de suspicions cliniques d’IA H5 (76 suspicions et 27 cas confirmés HP)
2. Résultats de la surveillance programmée
Surveillance dans les zones de protection et de surveillance
Au total, 2015 ateliers sont recensés dans les zones de protection et 4292 dans les zones de surveillance, toutes productions confondues. Dans ces zones, le nombre de visites renseignées dans le cadre de la surveillance programmée (en prévision de la levée des zones) est resté inchangé (n=217). Ces visites doivent reposer sur l'examen clinique des animaux dans les élevages de Galliformes, et la réalisation de prélèvements pour dépistage virologique chez les Palmipèdes.
Surveillance dans les élevages de sélection-multiplication
La surveillance des troupeaux reproducteurs a débuté au cours de la semaine du 25/01/2016. Cette surveillance est exhaustive en filière Palmipèdes quelle que soit la zone, exhaustive en zone de restriction pour les filières galliformes, et basée sur un plan de sondage sur le reste du territoire (taux de prévalence limite détectable fixé à 1%, Tableau 3).
Tableau 3 : Nombre de visites programmées dans les élevages de sélection et multiplication en filière Galliformes et Palmipèdes
Au 4 février 2016, huit ateliers de multiplication de Gallus avaient fait l'objet d'une visite, localisés en zone indemne (tous dans le département du Maine-et-Loire - 49). Les résultats d'analyses sérologiques sont en cours, considérant que ces élevages n'ont fait l'objet d'aucune suspicion clinique.
Par ailleurs, huit ateliers de multiplication de Palmipèdes, localisés en zone de restriction ont fait l'objet d'une visite associée à des prélèvements pour dépistage sérologique et virologique : cinq en Dordogne, trois dans les Landes. Les résultats obtenus en laboratoire agréé sont disponibles pour les trois ateliers présents dans les Landes , : l'un d'entre eux a fait l'objet d'une confirmation par H5 HP au 05/02/2016.
3. Bilan des foyers et des enquêtes épidémiologiques
Entre le 24/11/2015 et le 01/02/2016, 69 foyers d’IA H5 HP et 14 foyers d’IA H5 FP avaient été déclarés. Un nouveau foyer d'IA H5 HP a été confirmé le 05/02/2016, dans le cadre de la surveillance des élevages de reproducteurs en Palmipèdes (voir supra), ce qui porte à 70 le nombre de foyers d'IA H5 HP. Au total, 41 (59 %) des 70 foyers IA H5 HP ont fait l'objet d'une enquête épidémiologique complète, et les données ont été saisies et centralisées pour 38 foyers.
Pour ces 38 foyers, 227 liens ont été identifiés impliquant 157 élevages en lien épidémiologique. Parmi ces élevages en lien, 69 % sont situés dans les deux départements les plus affectés par les foyers (Dordogne et Landes), ce qui souligne que les mouvements entre élevages restent assez localisés (Figure 3). Onze de ces élevages en lien sont dans des départements n'ayant pas déclaré de foyer, mais situés en zone de restriction, confortant l'intérêt du zonage réalisé.
Figure 3 : Répartition des élevages en lien épidémiologique avec 38 foyers d’IA H5 HP (cliquez sur la carte pour la télécharger au format .pdf)
Trente-deux visites sanitaires ont été réalisées dans ces exploitations en lien épidémiologique mais ce nombre est très certainement sous-estimé dans l’attente de la centralisation complète des informations. Lors de 24 visites, des prélèvements pour le dépistage de l’IA H5 ont été réalisés. Ces analyses ont mené à l’identification de 14 des 84 foyers d’IA H5 connus ; neuf exploitations avaient présentés des résultats négatifs vis à vis de l’IA H5 et une série de prélèvements est en cours d’analyse (Tableau 4).
Tableau 4 : Répartition des élevages en lien épidémiologique selon les départements et les investigations qui y ont été faites (France, 01/02/2016)
Ces élevages en lien épidémiologique sont pour 94 % d'entre eux des élevages de production de palmipèdes (ateliers de pré-gavage ou de gavage). Les autres sont des élevages de cannetonières ou de poussinières (n=5) ou en cours de détermination (n=4). Les relations épidémiologiques recensées entre foyers et élevages « liens » correspondent le plus souvent à un mouvement d’animaux entre exploitations (204 liens sur les 227 identifiés, 90 %), comme par exemple le transfert d’un lot de canards prêts à gaver vers un atelier de gavage, mais aussi des relations de voisinage proche (< 500 m) ou d’entraide et de prêt de matériel.
Mortalités dans les foyers d’IA H5 HP
Les données de mortalité consolidées sont disponibles pour 57 foyers d’IA H5 HP dans six des huit départements touchés par l’IA H5 HP. Trente-sept de ces foyers ont été identifiés lors d’une enquête épidémiologique ou d’une demande de dérogation de mouvement d’animaux ; ces foyers issus d’une suspicion dite analytique ne présentaient aucun symptôme ou mortalité particuliers. Au contraire, les vingt autres foyers correspondaient à des suspicions cliniques avec symptômes et mortalité élevée. Deux de ces cas étaient des basses-cours de galliformes infectées par un virus H5N1 HP où sont morts respectivement 9 oiseaux sur 30 et 22 sur 32. Les autres foyers survenus dans des élevages commerciaux sont présentés dans le Tableau 5. Les taux de mortalité les plus élevés ont été observés dans des troupeaux de poulets et de pintades mais des mortalités supérieures à 15 % ont aussi été relevées dans des ateliers de canards gras. Il est impossible de faire un lien entre le sous-type viral impliqué et le niveau de mortalité dans les foyers, les trois sous-types H5 N1, H5 N2 et H5 N9 identifiés étant indifféremment associés à des faibles ou des fortes mortalités.
Tableau 5 : Mortalité observée dans les foyers d’IA H5 HP selon le type de production et le sous-type viral (18 foyers survenus dans des ateliers commerciaux de volailles)