Epidémiosurveillance en santé animale

Résultats de la surveillance de l’influenza aviaire H5 HP en France - Point de situation-10 au 17/05/2016

Adeline Huneau-Salaün (1), Marie-Cécile Moisson (2), Manon Hamon (2), Eric Niqueux (4), Axelle Scoizec (5), Audrey Schmitz (4), François-Xavier Briand (4), Virginie Michel (1), Alexandre Fediaevsky (2), Sophie Le Bouquin (1), Anne Bronner (2)

(1) Unité Epidémiologie Anses-Ploufragan (2) DGAl  (3) Unité UCAS, Anses, Direction des laboratoires (4) Unité Virologie, Laboratoire National de Référence, Anses-Ploufragan (5) DRAAF Aquitaine – SRAL, (6) Unité Epidémiologie Anses-Lyon

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Points marquants

La situation épidémiologique de l’Influenza Aviaire H5 (IA H5) en France n’a pas évolué depuis le 3 mai 2016, avec 77 foyers d’IA H5 HP identifiés et 16 foyers d’IA H5 FP.

1. Résultats de la surveillance évènementielle dans les troupeaux de volailles

Cinq nouvelles suspicions cliniques ont été rapportées depuis le 03/05/2016, date du dernier point de situation (Figure 1). Deux suspicions, situées dans la Zone de Restriction (ZR), ont été émises suite à des épisodes de mortalité dans un troupeau commercial et dans une basse-cour de galliformes. Deux autres alertes ont porté sur des troupeaux commerciaux de galliformes et une sur une basse-cour comprenant galliformes et palmipèdes, toutes hors de la ZR. Ces suspicions cliniques ont été infirmées (Tableau 1).
 
Durant la période allant de décembre 2015 au 15 janvier 2016 au cours de laquelle de nombreux foyers ont été détectés (dont 25 suite à une suspicion événementielle), plus de cinq suspicions cliniques étaient émises par semaine, le maximum de 26 suspicions ayant été atteint durant la semaine du 14 au 20 décembre 2015. En comparaison, le nombre de suspicions événementielles concernant les pestes aviaires dans des troupeaux de volailles domestiques ou de basses-cours variait de zéro à deux suspicions par mois depuis janvier 2015 (total de 11 suspicions déclarées entre le 01/01/2015 et le 01/11/2015). A partir du 15 janvier 2016, les suspicions cliniques ont été moins nombreuses, avec zéro à cinq occurrences par semaine, restant  à un niveau néanmoins supérieur à celui observé début 2015. Près d’un quart des suspicions cliniques (22/95) ont été émises en dehors de la ZR, témoignant que le dispositif de surveillance événementielle est fonctionnel sur l’ensemble du territoire français (Figure 2). Le taux de confirmation des suspicions événementielles a varié de 25% à 50% durant le pic épizootique mais la majorité des alertes sont infirmées depuis le 15 janvier 2016 (25/27). Le taux global de confirmation est de 30 % et tous les cas identifiés suite à des suspicions cliniques sont des foyers d’IA H5 HP.
 
Les suspicions cliniques concernant les basses-cours et les troupeaux de gallinacées sont les plus nombreuses et, bien qu’en baisse, sont toujours régulières aussi bien en ZR que dans le reste de la France. Elles ont été confirmées respectivement dans 10 et 15% des cas. Les suspicions émises sur des troupeaux de palmipèdes ont été nombreuses entre le 7 et le 20 décembre 2015 en ZR puis aucun signalement n’a été enregistré depuis le 11 janvier 2016 (Figure 2). Cette date correspond au début de la phase de dépeuplement des palmipèdes en production dans la ZR mais il est aussi possible que la mise en place d’une large zone réglementée avec des mesures de gestion spécifiques ait entraîné une moindre surveillance événementielle. Ce phénomène pourrait conduire à une perte de sensibilité du dispositif, d’autant plus importante que 68 % (15/22) des suspicions sur les palmipèdes ont été confirmées.  Il est aussi à souligner que dans 6 de ces 15 cas identifiés dans le cadre de la surveillance événementielle chez les canards, des symptômes cliniques ont été relevés et la mortalité a dépassé fortement les seuils d’alerte officiels, variant de 9 à 19%.  La surveillance événementielle peut donc être aussi pertinente sur les palmipèdes vis-à-vis des virus HP circulant en ZR bien que ces animaux soient généralement considérés comme peu sensibles à l’infection. Dans les exploitations mixtes de palmipèdes et de galliformes, six des sept alertes cliniques ont concerné des troupeaux de galliformes (poulets, pintades), toutes confirmées ; la dernière suspicion, portant sur des canards, a été infirmée. Le nombre élevé de suspicions confirmées pour des troupeaux de galliformes dans les exploitations mixtes démontre l’importance de la surveillance clinique dans ces élevages et du respect des mesures de biosécurité entre espèces galliformes et palmipèdes hébergées sur un même site.

Figure 1 Répartition des suspicions cliniques d’Influenza Aviaire selon leur statut confirmé ou infirmé vis à vis de l'IA H5 HP

Figure 1 : Répartition des suspicions cliniques d’Influenza Aviaire selon leur statut « confirmé » ou « infirmé » vis à vis de l'IA H5 HP sur des volailles domestiques en France entre le 01/01/2015 et le 17/05/2016

tableau 1 Nombre de suspicion clinique IA H5
Figure 2 Nombre de suspicions cliniques déclarées par type d’élevage et par zone de réglementation

Figure 2 : Nombre de suspicions cliniques déclarées par type d’élevage et par zone de réglementation au 17/05/2016

Figure 3 Suspicions cliniques déclarées en France

Figure 3: Suspicions cliniques déclarées en France au 18/05/162. Résultats de la surveillance programmée
 

2. Résultats de la surveillance programmée

Surveillance en zone de protection et surveillance

Des zones de protection (ZP) ont été mises en place autour de chaque foyer, dans un rayon de 3 km. Tout site d'élevage situé dans ce périmètre doit faire l'objet d'une visite clinique favorable par un vétérinaire sanitaire (avec un dépistage virologique et sérologique en cas de présence de Palmipèdes), préalablement à la levée de ces zones. Dans la zone de surveillance (ZS), un tirage au sort des ateliers est réalisé (taux prévalence cible de 1%, risque d'erreur de 1 %).

Figure 4 Zones réglementées d'IAHP  en France

Figure 4: Zones réglementées d'IAHP  en France au 18/05/16

Depuis le 3 mai 2016, plusieurs départements ont levé leurs zones de protection et de surveillance (au delà au département 87, qui avait déjà levé ces zones). Ainsi, après une étude des résultats du plan de surveillance par département, les départements 24, 31, 32, 46 et 65 ont obtenu l'accord de la DGAL pour lever leurs zones de protection et de surveillance. Certains départements ont réalisé plus de visites que prévues au niveau national, et toutes se sont révélées favorables.

Tableau 2 nombre de visites réalisées en zone ZP et ZS par département

Certaines visites prévues ne seront pas faites car les élevages sont vides.

 

Surveillance chez les sélectionneurs-multiplicateurs

La surveillance des ateliers de sélection-multiplication repose :

- chez les galliformes (poules et dindes), sur une inspection clinique des animaux et la réalisation de 20 prises de sang pour dépistage sérologique.. Cette surveillance est exhaustive en zone de restriction et cible un taux de prélèvement limite (TPL) de 1 % (risque d'erreur de 5%) en ZI.
- chez les Palmipèdes et le gibier à plumes, sur une inspection clinique des animaux et la réalisation de 20 prises de sang pour dépistage sérologique, ainsi que 20 écouvillons trachéaux et 20 écouvillons cloacaux pour dépistage virologique. Cette surveillance est exhaustive quelle que soit la zone.
Les analyses sérologiques utilisées sont : IDG IA (technique d’immunodiffusion en gélose) chez les Galliformes en 1ère intention et IHA H5 et H7 (techniques d’inhibition de l’hémagglutination) chez les Galliformes en 2ème intention et les Palmipèdes en 1ère et 2ème intention.
En excluant les ateliers pour lesquels un motif de non-réalisation de la visite est renseigné (en raison de l'absence d'animaux, habituellement), le taux de réalisation des visites est, pour les Palmipèdes, de 97 % en ZI et 92 % en ZR. Pour les Galliformes, il était de de 97 % en ZI et 81 % en ZR. Le taux d'ateliers séropositifs chez les Palmipèdes est de 35 % en ZR, et de 4 % en ZI. Il est nul chez les Galliformes.

Tableau 3 résultats de la surveillance chez les sélectionneurs-multiplicateurs de palmipèdes
Tableau 4 résultats de la surveillance chez les sélectionneurs-multiplicateurs de galliformes

 

Surveillance dans les ateliers de gibier reproducteurs en ZR
 
Une surveillance a été mise en place dans tous les ateliers de gibier à plumes reproducteurs de la zone de restriction, basée sur la réalisation de visite et de prélèvements pour dépistage sérologique et virologique, sur 20 animaux.

tableau 5 résultats de surveillance des ateliers de gibier à plumes reproducteurs en ZR

 

Surveillance chez les Galliformes plein air en ZR
 
Une surveillance a été mise en place en abattoir, afin de s'assurer de l'absence de circulation virale chez les gallinacés plein air de la zone de restriction.
Cette surveillance repose sur la réalisation de 20 prises de sang sur chaque lot dépisté, dans l'un des 7 abattoirs visés. Elle cible un TPL de 2 % (risque d'erreur de 5%).

tableau 6 résultats de surveillance en abattoir

 

2. Investigations dans les foyers

En cas de découverte d'un foyer, l'élevage infecté fait l'objet d'une enquête épidémiologique, sur la base d'un questionnaire élaboré au niveau national, permettant, au-delà de la recherche des élevages en lien épidémiologique, de décrire les caractéristiques de l'élevage-foyer et du lot découvert infecté. Les élevages en lien épidémiologique avec un foyer font l'objet d'une visite avec inspection clinique systématique des animaux, et, dans certains cas, de prélèvements pour dépistage sérologique et virologique.
 
Au 17/05/16, 67 élevages infectés ont fait l'objet d'une enquête épidémiologique complète, conduisant à l'identification de 434 élevages en lien épidémiologique, dont deux situés en zone indemne. Les visites de ces deux élevages se sont révélées favorables.

tableau 7 enquêtes épidémiologiques réalisées et saisie par département
tableau 8 répartition des élevages en lien épidémiologique avec un foyer d'IAHP