Situation épidémiologique des virus IAHP issus du clade 2.3.4.4 en Europe au 21 février 2018
Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Anne Bronner (Dgal), Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Sylvain Falala (Inra), Alizé Mercier (Cirad)
Pour l’ONCFS : Anne Van De Wiele
Auteur correspondant : alize.mercier@cirad.fr
Source : Données actualisées au 21/02/2018 inclus – ADNS, OIE, FAO Empres-i, DGAL, ProMED
Depuis le dernier point de situation au 11 janvier 2018 (lien), le virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de sous-type H5N6 a été détecté pour la première fois en Irlande chez un pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) retrouvé mort le 31 janvier dans la région de Tipperary, dans une zone fréquentée par des oiseaux migrateurs (déclaration ADNS 09/02/2018). La Suède a également identifié pour la première fois le virus H5N6 chez un pygargue à queue blanche mort le 1er février (déclaration ADNS 20/02/2018). De plus, les Pays-Bas ont déclaré deux nouveaux cas d’IAHP H5N6 le 25 janvier au sein de l’avifaune captive (espèce non précisée) et de l’avifaune sauvage, chez un goéland marin (Larus marinus) et une mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus).
Du 1er octobre 2017 au 21 février 2018 inclus, un total de 78 foyers et cas d’IAHP H5 ont été déclarés dans huit pays européens : Italie, Bulgarie, Chypre, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni, Irlande et Suède (Tableau 1, Figure 1). Deux sous-types ont été identifiés : H5N8 et H5N6.
La dernière déclaration du virus IAHP H5N8 remonte à décembre avec un foyer déclaré en Italie le 12 décembre 2017. Un total de 51 foyers et cas d’H5N8 ont été déclarés en Europe d’octobre à décembre 2017.
Figure 1 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 21 février 2018 inclus (source : ADNS).
Tableau 1: Nombre de cas et de foyers chez des oiseaux domestiques, sauvages et captifs, déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 21 février 2018 par sous-type et par pays (source : ADNS)
Plusieurs filières et plusieurs espèces d’oiseaux sauvages atteints EN EUROPE depuis le 1er octobre 2017
En élevage, plusieurs filières ont été atteintes, que ce soit des dindes en engraissement, des canards, des oies, des poules pondeuses ou des poulets, au sein d’élevages commerciaux ainsi que dans des basses-cours.
Au niveau de l’avifaune sauvage, le tableau 2 reprend les oiseaux impliqués.
Tableau 2: Liste des espèces d'avifaune sauvage impliquées dans les cas d'IAHP en Europe du 1er octobre 2017 au 21 février 2018 (source : ADNS)
Le pigeon biset fait partie des colombidés, une famille a priori particulièrement peu réceptive aux souches d’IA en général. Les seuls cas de colombidés au monde identifiés impliquant la souche H5N8 avaient été identifiés dans le Sud-Ouest de la France (2 palombes, et 5 tourterelles), en lien direct avec les élevages atteints, avec l’hypothèse d’une charge virale particulièrement importante développée dans les élevages avicoles atteints ; l’hypothèse est similaire pour l’Italie. La liste des espèces sauvages sensibles ax virus IA en Europe a été mise à disposition dans le journal de l’EFSA (Scientific opinion, adopté le 14 Septembre 2017, doi: 10.2903/j.efsa.2017.4991).
Les migrations vers le Sud sont terminées depuis plusieurs mois, mais des déplacements exceptionnels (en lien avec les conditions météorologiques) sont encore possibles. Les migrations Sud-Nord ont activement démarré.
Detection d’un virus H5N2 en Russie
Le 29 décembre 2017, la Russie a déclaré un foyer d’IAHP H5N2 au sein d’un élevage de volailles de plus de 660 000 oiseaux, dans la région de Kostroma, au Nord-Ouest de Moscou (déclaration OIE 29/12/2017). Ce foyer avait initialement été notifié comme un foyer de H5N8 trois jours auparavant.
C’est la première déclaration d’IAHP H5N2 en Russie, la dernière présence déclarée de virus H5N2 en Europe remontant à janvier 2017 avec trois foyers au sein d’élevages en France. Toutefois, ces deux virus peuvent diverger. En effet, concernant l’origine de ce virus, deux hypothèses peuvent être formulées :
- la mutation d’un virus H5N2 FP présent au sein de l’élevage, en virus HP (comme ce fut le cas en 2015 avec le virus H7N7 au Royaume-Uni et en Allemagne, ou les virus H5N1 et H5N2 en France),
- un réassortiment entre le virus H5N8 HP qui a circulé en 2016-2017 avec une souche FP eurasienne, comme pour le H5N6 en Europe. En effet, les virus du clade 2.3.4.4 ont un fort potentiel de mutation, comme cela a été constaté avec l’apparition des virus H5N5 et H5N6 suite à la circulation de H5N8 en Europe lors de la saison 2016-2017.
Quoi qu’il en soit, des analyses supplémentaires sont nécessaires pour mieux définir l’origine, le lien entre et la composition génétique de ces nouveaux virus, et l’évolution de la situation épidémiologique en Europe est à suivre avec vigilance.