Situation épidémiologique des virus IAHP issus du clade 2.3.4.4 en Europe au 3 mai 2018
Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Anne Bronner (DGAL), Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Sylvain Falala (Inra), Alizé Mercier (Cirad)
Pour l’ONCFS : Anne Van De Wiele
Auteur correspondant : alize.mercier@cirad.fr
Source : Données actualisées au 03/05/2018 inclus – ADNS, OIE, FAO Empres-i, DGAL, ProMED
Depuis le dernier point de situation au 26 mars 2018 (lien), le virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de sous-type H5N6 a été déclaré pour la première fois en Slovaquie le 28 mars au sein de l’avifaune sauvage (le virus a été détecté sur une mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) parmi cinq oiseaux retrouvés morts), et en Finlande avec deux cas déclarés le 3 et 24 avril chez des pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla).
Le virus H5N6 a aussi été détecté au sein de l’avifaune sauvage dans d’autres pays :
- Danemark : 22 nouvelles déclarations chez cinq pygargues à queue blanche (quatre déclarations le 23/04 et une déclaration le 30/04), dix buses variables (Buteo buteo) (neuf déclarations le 24/04 et une déclaration le 12/04), deux cygnes tuberculés (Cygnus olor) (déclarations les 23/04 et 24/04), un grand cormoran (Phalacrocorax carbo) (déclaration le 23/04), un goéland argenté (Larus argentus) (déclaration le 23/04), une mouette rieuse (déclaration le 23/04) et deux corneilles mantelées (Corvus cornix) (déclarations le 12/04),
- Allemagne : un cas chez un pygargue à queue blanche (déclaration le 30/04),
- Suède : chez deux pygargues à queue blanche (déclarations le 09/04 et le 26/04), chez une buse variable (déclaration le 26/04) et chez un autour des palombes (Accipiter gentilis) (déclaration le 26/04),
- Royaume-Uni : une déclaration chez deux buses variables (déclaration le 20/04), et
- Pays-Bas : un cas chez une buse variable (déclaration le 28/03).
Le virus H5N6 a aussi été détecté au sein de l’avifaune captive avec un cas détecté en Suède le 09/04 au sein d’une exploitation non commerciale de 105 oiseaux (espèces non précisées).
Le virus H5N8 continue de circuler au sein d’élevages :
- Italie : un foyer déclaré au sein d’un élevage de dindes d’engraissement (déclaration le 28/03), et
- Bulgarie : quatre foyers déclarés au sein de trois élevages de canards (déclarations les 05/04 et 24/04) et au sein d’une réserve de chasse d’Etat (déclaration le 18/04).
La Bulgarie a aussi déclaré quatre foyers d’H5Nx au sein d’élevages de canards les 5 et 25 avril.
Du 1er octobre 2017 au 3 mai 2018 inclus, un total de 145 foyers et cas d’IAHP H5 (dont 60 foyers et cas d’H5N8) ont été déclarés dans douze pays européens : Italie, Bulgarie, Chypre, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni, Irlande, Suède, Danemark, Finlande et Slovaquie (Tableau 1, Figures 1 & 2). Deux sous-types ont été identifiés : H5N8 (Figure 1) et H5N6 (Figure 2).
Figure 1 : Carte des foyers et des cas d’IAHP H5N6 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 3 mai 2018 inclus (source : ADNS/OIE)
Figure 2 : Carte des foyers et des cas d’IAHP H5N8 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 3 mai 2018 inclus (source : ADNS/OIE)
Tableau 1: Nombre de cas et de foyers chez des oiseaux domestiques, sauvages et captifs, déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 3 mai 2018 par sous-type et par pays (source : ADNS/OIE)
Plusieurs filières et plusieurs espèces d’oiseaux sauvages atteintes EN EUROPE depuis le 1er octobre 2017
En élevage, plusieurs filières ont été atteintes, que ce soit des dindes en engraissement, des canards, des oies, des poules pondeuses ou des poulets, au sein d’élevages commerciaux, ainsi que dans des basses-cours.
Au niveau de l’avifaune sauvage, le tableau 2 détaille les espèces d’oiseaux impliquées.
Tableau 2: Liste des espèces d'avifaune sauvage impliquées dans les cas d'IAHP en Europe du 1er octobre 2017 au 3 mai 2018 (source : ADNS) (en jaune : les nouvelles espèces/localisations depuis le dernier point)
Beaucoup des oiseaux sauvages récemment infectés sont des buses variables (Buteo buteo). Un certain nombre de ces buses sont probablement des oiseaux résidents, ce qui pourrait indiquer la présence d’une infection diffuse chez certaines de leurs proies, qui pourrait passer inaperçue si ce sont des petites espèces comme par exemple des moineaux.
Le pigeon biset fait partie des colombidés, une famille a priori particulièrement peu réceptive aux souches d’IA en général. Les seuls cas de colombidés au monde identifiés impliquant la souche H5N8 avaient été identifiés dans le Sud-Ouest de la France (2 palombes et 5 tourterelles), en lien direct avec des élevages atteints, avec l’hypothèse d’une charge virale particulièrement importante développée dans les élevages avicoles atteints ; l’hypothèse est similaire pour l’Italie. La liste des espèces sauvages sensibles aux virus IA en Europe a été mise à disposition dans le journal de l’EFSA (Scientific opinion, adopté le 14 Septembre 2017, doi: 10.2903/j.efsa.2017.4991).
Les oiseaux sauvages sont maintenant en période de nichage (période de reproduction), ce qui limite leurs mouvements.
Detection d’un virus H5N2 en Russie
Le 29 décembre 2017, la Russie a déclaré un foyer d’IAHP H5N2 au sein d’un élevage de volailles de plus de 660 000 oiseaux, dans la région de Kostroma, au Nord-Ouest de Moscou (déclaration OIE 29/12/2017). Ce foyer avait initialement été notifié comme un foyer de H5N8 trois jours auparavant.
C’est la première déclaration d’IAHP H5N2 en Russie, la dernière présence déclarée de virus H5N2 en Europe remontant à janvier 2016 en France. Toutefois, ces deux virus peuvent diverger. En effet, concernant l’origine de ce virus, deux hypothèses peuvent être formulées :
- la mutation d’un virus H5N2 FP présent au sein de l’élevage, en virus HP (comme ce fut le cas en 2015 avec le virus H7N7 au Royaume-Uni et en Allemagne, ou les virus H5N1 et H5N2 en France),
- un réassortiment entre le virus H5N8 HP qui a circulé en 2016-2017 avec une souche FP eurasienne, comme pour le H5N6 en Europe. En effet, les virus du clade 2.3.4.4 ont un fort potentiel de mutation, comme cela a été constaté avec l’apparition des virus H5N5 et H5N6 suite à la circulation de H5N8 en Europe lors de la saison 2016-2017.
Quoi qu’il en soit, des analyses supplémentaires sont nécessaires pour mieux définir l’origine, le lien entre et la composition génétique de ces nouveaux virus, et l’évolution de la situation épidémiologique en Europe est à suivre avec vigilance.