Epidémiosurveillance en santé animale

Suspicions et foyers d’Influenza aviaire H5 en France – Point de situation 2016-1 au 07/01/2016

Sophie Le Bouquin (1), Adeline Huneau-Salaün (1), Rozenn Souillard (1), Manon Hamon (2), Mathilde Saussac (3), Laure Bournez (3), Eric Niqueux (4), Audrey Schmitz (4), Jean-Yves Toux (1), Nicolas Eterradossi (4), Virginie Michel (1), Alexandre Fediaevsky (2), Didier Calavas (5), Pascal Hendrikx (3), Anne Bronner (2)

(1) Unité Epidémiologie Anses-Ploufragan (2) DGAl (3) Unité UCAS, Anses, Direction des laboratoires (4) Unité Virologie, Laboratoire National de Référence, Anses-Ploufragan (5) Unité Epidémiologie Anses-Lyon

1. Bilan des suspicions

Au 7 janvier 2016, 129 suspicions d’influenza aviaire ont été investiguées menant à l’identification de 67 (52 %) foyers d’influenza aviaire hautement pathogène de sous-type H5, 14 (11 %) foyers d’influenza aviaire faiblement pathogène de type H5 (Figure 1); 45 suspicions ont été infirmées et trois sont en cours d’analyse.

 
Dans le cadre de la surveillance, une suspicion d’infection d’un élevage par un influenza virus H5 peut être d’origine :
o    « évènementielle »: signes cliniques évocateurs d'influenza aviaire observés dans l’élevage,
o    « analytique » provenant :
·       de l’enquête nationale annuelle de surveillance sérologique, lorsque l’élevage présente des résultats sérologiques positifs,
·       de l’identification de liens épidémiologiques entre l’élevage et un ou des foyers d’infection avérés,
·       des dépistages lors de mouvements prévus d’animaux en provenance de l’élevage pour  sortir de zones réglementées.
 
Ces suspicions sont infirmées lorsque H5 n’est pas identifié par PCR, ou confirmées lorsque H5 est présent. Dans ce cas, le virus identifié est qualifié par un degré de pathogénicité, hautement pathogène (HP) ou faiblement pathogène (FP).

Figure 1 Répartition géographique des foyers confirmés d’Influenza aviaire FP et HP par sous-type

Figure 1 : Répartition géographique des foyers confirmés d’Influenza aviaire FP et HP par sous-type au 07/01/2016 (ND : neuraminidase non déterminée)

Les foyers d’influenza aviaire HP ont été identifiés dans sept départements (Figure 2). Quatre d’entre eux (Landes, Pyrénées-Atlantiques, Dordogne et Gers) regroupent 92 % de ces foyers.

Figure 2 Répartition géographique des foyers confirmés d’Influenza aviaire HP en France

Figure 2 : Répartition géographique des foyers confirmés d’Influenza aviaire HP en France au 07/01/2016

Parmi les 126 suspicions investiguées pour lesquelles nous disposons de l’information, 58 (46 %) étaient « évènementielles » et 68 (54 %) « analytiques », faisant le plus souvent suite à des dépistages avant mouvements d’animaux pour sortie d’une zone réglementée (45 sur 68, soit 66 % des suspicions analytiques) (Tableau 1). Environ la moitié des suspicions évènementielles (43 %) ont été confirmées (Figure 3), toutes pour un sous-type HP. En ce qui concerne les dépistages réalisés dans le cadre des dérogations pour sortie de zone, 42 % (=36/86) des élevages de Palmipèdes dans lesquels des prélèvements ont été réalisés se sont révélées confirmés positifs en HP, ce qui témoigne d’une contamination importante de la filière dans les zones réglementées. Tous les cas d’influenza FP ont été identifiés à partir d’une suspicion d’origine analytique.

Tableau 1 : Nombre de suspicions en cours d’investigation, infirmées ou confirmées en fonction de l’origine de la suspicion en France au 07/01/2016

Tableau 1 Nombre de suspicions en cours d’investigation, infirmées ou confirmées en fonction de l’origine de la suspicion en France
Figure 3 Répartition géographique des suspicions évènementielles confirmées et infirmées

Figure 3 : Répartition géographique des suspicions évènementielles confirmées et infirmées
 
L’évolution du nombre de suspicions dans le temps permet de mettre en évidence un pic de suspicions au cours de la semaine 50 (du 7 au 13 décembre 2015) du fait notamment de la mise en place des contrôles pour sortie de zones réglementées (Figure 4). On note dans le même temps une augmentation des suspicions évenementielles jusqu’en semaine 51 avec plus de 20 suspicions déclarées sur cette seule semaine. Cette hausse peut témoigner d’une augmentation de l’incidence de la maladie ou d’une augmentation de la sensibilité des acteurs de la surveillance vis-à-vis de la maladie ; cette vigilance se remarque également par la situation de certaines suspicions évènementielles très éloignées des zones réglementées. A la date du 21 décembre 2015, toutes les suspicions ayant pour base l’enquête de surveillance sérologique nationale étaient investiguées.
 

Figure 4 Distribution hebdomadaire du nombre de suspicions selon l’origine de la suspicion

Figure 4 : Distribution hebdomadaire du nombre de suspicions selon l’origine de la suspicion - situation au 07/01/2016

Parmi les 125 suspicions pour lesquelles nous disposons de l’information, 64% concernent des exploitations ne produisant que des palmipèdes (canards et/ou oies) et ont été émises pour 55% d’entre elles (44/80) dans le cadre de dépistages liés à des mouvements d’animaux (Tableau 2). 
 
Contrairement aux Palmipèdes, les suspicions sur les autres espèces concernées font essentiellement suite à des signes cliniques suspects ou des mortalités anormales observées en élevage. Vingt-deux suspicions ont été émises pour des basses-cours, désignation regroupant des petites structures familiales détenant moins de 100 volailles, généralement d’espèces variées (galliformes, palmipèdes et/ou pigeons). Les suspicions évènementielles ont été rarement confirmées dans les basses-cours (4/21) alors qu’un tiers (7/20) de celles portant sur élevages commerciaux détenant des galliformes se sont avérées positives.
 
Tableau 2 : Nombre de suspicions en fonction de leur origine et des types de production présents sur l’élevage (France au 07/01/2016)

Tableau 2 Nombre de suspicions en fonction de leur origine et des types de production présents sur l’élevage

2. Description des foyers

Les foyers d’influenza aviaire HP concernent toutes les productions alors que les foyers d’influenza FP n’ont été identifiés que dans des exploitations commerciales ou basses-cours où des palmipèdes sont présents (Figure 5). 

Figure 5 Répartition des foyers d’Influenza aviaire hautement et faiblement pathogènes en fonction du type de production

Figure 5 : Répartition des foyers d’Influenza aviaire hautement et faiblement pathogènes en fonction du type de production (France au 07/01/2016)

2.1. Foyers d’Influenza FP

Les 14 foyers d’influenza FP sont liés dans six cas à un virus H5N2 et dans quatre cas à un virus H5N3 ; pour les quatre autres cas, le type N n’est pas identifié (en cours d’identification ou identification impossible). Le sous-type H5N3 n’a été identifié que dans des foyers FP.

2.2. Foyers d’influenza HP

Trois sous-types, H5N1, H5N2 et H5N9, ont été identifiés ; le plus fréquent est le sous-type H5N9 présent, seul ou en association, dans 26 foyers, suivi du sous-type H5N1 (Figure 6). Les sous-types H5N1 et H5N9 ont été identifiés ensemble dans deux foyers et un foyer présente une contamination multiple à H5N2 et H5N9. Les trois sous-types ont été identifiés dans les deux grandes zones affectées (Dordogne et Gers/Landes/Pyrénées).
Pour un tiers des foyers (n=20), la neuraminidase n’a pu être identifiée ou est en cours de séquençage.

Figure 6 Répartition des foyers confirmés d’Influenza aviaire HP selon le ou les sous-types  isolés

Figure 6 : Répartition des foyers confirmés d’Influenza aviaire HP selon le ou les sous-types  isolés (France au 07/01/2016)

Le tableau 3 présente le taux de mortalité observé pour 12 foyers d’IA HP selon les productions et les sous-types impliqués. Ces données sont en cours de consolidation pour les autres foyers déclarés.

Tableau 3 : Mortalité selon les productions dans les élevages infectés par un virus IAHP (12 foyers renseignés en France au 07/01/2016)

Tableau 3 Mortalité selon les productions dans les élevages infectés par un virus IAHP
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