Epidémiosurveillance en santé animale

Un foyer de fièvre aphteuse déclaré au Maroc

Labib Bakkali-Kassimi (1), Gina Zanella (1), Sévérine Rautureau (2), Stéphan Zientara (1)

(1) Anses, Laboratoire de santé animale, LNR fièvre aphteuse, Maisons-Alfort, France
(2) DGAL, Bureau de la santé animale, Paris, France

Le 2 novembre le Dr Abderrahman El Abrak, Directeur des services vétérinaires du Maroc, a notifié à l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), l’apparition d’un foyer de la fièvre aphteuse dans une exploitation de 17 bovins et 14 ovins située à Douar Lmouarid dans la commune rurale Bouhmame, relevant de la province de Sidi Bennour (province à l’ouest du pays) (Figure 1). Sur les 17 bovins présents dans l’exploitation, dix bovins présentaient des signes cliniques puis ont été confirmés infectés par le virus de la fièvre aphteuse sérotype O par des analyses réalisées au Laboratoire régional d'analyses et de recherche de Casablanca. Des mesures de lutte ont été mises en place par les autorités afin de limiter la propagation de la maladie aux exploitations voisines : désinfection des bâtiments infectés, quarantaine, surveillance à l’extérieur de la zone de confinement ou de protection, abattage sanitaire, destruction officielle de tous les produits d'origine animale, destruction officielle des cadavres, des produits dérivés et des déchets, surveillance à l’intérieur de la zone de confinement ou de protection.

Le Maroc n’avait pas connu de foyers de fièvre aphteuse depuis 1999 lorsque la maladie avait également touché l’Algérie et la Tunisie. L’éradication de la maladie avait alors reposé sur un programme de vaccination des bovins. En 2007, le Maroc a opté pour l’arrêt de la vaccination et en 2012 il a obtenu le statut de pays ayant un programme officiel de contrôle de la fièvre aphteuse sans vaccination, validé par l’OIE.

Suite à la réapparition de la fièvre aphteuse en Tunisie (avril-octobre 2014) puis en Algérie (juillet 2014 – avril 2015), le Maroc avait renforcé sa vigilance au niveau national, notamment au niveau des zones frontalières (sensibilisation sur la clinique, renforcement des contrôles aux frontières, ...). De plus, le Maroc avait relancé en 2014 une campagne de vaccination généralisée des bovins (cheptel estimé à 2,7 millions têtes) d’août à septembre 2014 en deux étapes (la zone frontalière de l’Algérie puis le reste du territoire). Un rappel de vaccination a eu lieu en février 2015 et devait être à nouveau mis en place en fin d’année.

Le virus responsable des foyers en Tunisie et en Algérie était de sérotype O Lignage ME-SA/Ind-2001. Le lignage et l’origine du virus de sérotype O qui vient de toucher le Maroc n’ont pas encore été identifiés. Considérant que le foyer est apparu loin de la frontière avec l’Algérie, cette information sur le lignage sera importante pour interpréter la situation.

L'apparition de la fièvre aphteuse au Maroc nous rappelle une fois de plus le risque réel qu’elle représente. La vigilance accrue de la présence de signes cliniques évocateurs de cette maladie s’impose au niveau national. 

Figure 1. Localisation du foyer de fièvre aphteuse notifié au Maroc le 2 novembre 2015

Figure 1. Localisation du foyer de fièvre aphteuse notifié au Maroc le 2 novembre 2015 

Source :
http://www.oie.int/wahis_2/public/wahid.php/Reviewreport/Review?page_refer=MapFullEventReport&reportid=19007
http://www.rr-africa.oie.int/docspdf/en/2014/REMESA/REMESA_2014_Tunis_FMD_Morocco.pdf