West-Nile dans le Sud de la France : point de situation n°6 (20 octobre 2015)

Auteurs : Laure Bournez & Sylvie Lecollinet

Depuis le dernier point de situation, les informations sur de nouveaux cas de West Nile chez des chevaux à Salon de Provence dans les Bouches-du-Rhône (3 chevaux) et à Vauvert dans le Gard (1 cheval) ont été remontées au LNR Maisons-Alfort. Ces nouveaux cas à Salon de Provence sont intéressants à noter car ils confortent la circulation du virus dans cette zone qui est située le plus à l’est de la zone des foyers détectés, et où seulement un cas avait été détecté jusqu’à présent. La date d’apparition des signes cliniques et/ou de prélèvements n’ont pas été transmises pour sept chevaux (sur 45). Pour ceux pour lesquels l’information existe, la date la plus tardive d’apparition des signes cliniques est le 1er octobre.  

Depuis la première confirmation de la présence de l’infection à virus West-Nile chez des chevaux en Camargue fin août dans les Bouches-du-Rhône et le Gard, ce sont au total 34 foyers qui ont été confirmés dans ces deux départements et dans l’Hérault (figure 1). La plupart des foyers sont situés principalement dans la région Camarguaise, à la frontière des départements des Bouches-du-Rhône et du Gard, dans une zone d’une soixantaine de kilomètres du nord au sud (entre Saintes-Marie-de-la-Mer et Boulbon) et de l’est à l’ouest (entre Salon de Provence et Milhaud). Dans l’Hérault, seul un cas a été détecté, situé à une cinquantaine de kilomètres des autres foyers.

Un autre cas a également été confirmé dans le Var, mais ce cheval, arrivé dans l’élevage quelques jours auparavant, avant l’apparition des premiers signes cliniques, était originaire d’un élevage des Bouches-du-Rhône dans lequel deux chevaux ont été trouvés infectés. Il est donc certain que ce cheval s’est infecté avant son arrivée dans le Var.
 

La surveillance mise en place est une surveillance de type évènementielle avec réalisation d’un test diagnostique chez les chevaux présentant des signes nerveux, signes d’appel pour une infection par le virus West-Nile. Dans certains cas, les chevaux présents sur le même site ont également été testés. Tous les chevaux ont été détectés dans le cadre de cette surveillance, à l’exception d’un cheval trouvé séropositif lors d’une étude rétrospective conduite par le RESPE sur les chevaux présentant un syndrome « piro-like » (hyperthermie associée à de l’anorexie, abattement ou amaigrissement) de juin à août 2015.

Sur les 45 chevaux reconnus infectés, seuls quatre n’ont pas manifesté de signes cliniques et trois ne présentaient que de l’hyperthermie. Tous les autres ont manifesté des signes de méningo-encéphalite plus ou moins sévères. Parmi les 38 chevaux présentant des signes nerveux, six sont morts de la maladie ou ont été euthanasiés (létalité 15,8 %). Le nombre de chevaux présentant des signes cliniques et confirmés infectés a varié entre 1 et 10 par semaine entre le 16 août (date de confirmation du premier cas West Nile) et le 1er octobre. La durée d’incubation étant de 3 à 15 jours, ces chevaux ont pu être infectés par le virus dans les deux semaines précédant l’apparition des signes.

Figure 1: Carte des foyers de West Nile chez les chevaux en France en 2015 (point au 19 octobre 2015)

La surveillance événementielle de l’avifaune a été renforcée, mais peu de cas de mortalités d’oiseaux ont été rapportés (huit oiseaux testés dont 5 colombiformes/passereaux et 1 ciconiiforme, espèces connues comme pouvant être infectées par le virus) et aucun n’a permis la mise en évidence de l’infection par le virus West-Nile. Cette situation est analogue à ce qui avait été observé lors des épizooties de 2000et 2004 en Camargue.

Un cas humain de West-Nile a été diagnostiqué à Nîmes dans le Gard le 2 octobre 2015. Il s’agit du premier cas humain autochtone signalé à ce jour en France depuis 2003. Les signes cliniques ont été mineurs et la personne est actuellement guérie et en bonne santé (voir le (link is external)communiqué de presse de l’ARS Languedoc-Roussillon). La surveillance chez l’Homme repose sur le diagnostic systématique de West-Nile lors de méningites ou encéphalites afin d’identifier les cas sévères des fièvres à virus West-Nile. Dans la plupart des cas (80%), les infections humaines à virus West-Nile sont asymptomatiques et lorsqu’elles sont symptomatiques, elles s’expriment le plus souvent par un syndrome pseudo grippal (fièvre, douleurs, maux de tête). Dans de rare cas (<1%), il y a des manifestations neurologiques de type méningite ou méningo-encéphalite. Dans le cas présent, la personne infectée n’a pas présenté de signes neurologiques, son diagnostic s’est fait de manière fortuite dans le cadre de la surveillance renforcée de la Dengue à Nîmes, où plusieurs cas de Dengue autochtone ont été détectés. Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 33 cas humains suspects ont été signalés, tous négatifs après analyse. Pour plus d’informations sur la surveillance West-Nile en cours chez l’Homme, se référer au (link is external)Bulletin VeilleHebdo de l’ARS de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur/Corse

Figure 2: Evolution du nombre de chevaux infectés par le virus West-Nile et présentant des signes cliniques, au cours du temps entre le 11 août et le 30 septembre 2015 par rapport à la date d’apparition des signes cliniques (n=33 chevaux, la date d’apparition des signes n’a pas encore été renseignée pour 8 chevaux ayant potentiellement présenté des signes semaine 39 ou 40)

Tableau 1 : Nombre de foyers et de chevaux confirmés infectés par le virus West-Nile par la surveillance évènementielle, point au 19 octobre 2015
 
POINTS DE SITUATION ANTÉRIEURS

West-Nile dans le Sud de la France : point de situation n°5 (8 octobre 2015)

West-Nile en Camargue : point de situation n°5 (1er octobre 2015)

West Nile en Camargue: point de situation n°4 (24 septembre 2015) 

Le 18 septembre 2015: Nouveaux cas équins d’infection à virus West Nile identifiés dans le Sud de la France 

Deux cas équins d'infection à virus West Nile identifiés dans le Sud de la France