Détection d’un nouveau virus d’IAHP H5N6 en Asie
Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Anne Bronner (Dgal), Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Pascal Hendrikx (Anses), Alizé Mercier (Cirad)
Pour le laboratoire national de référence IA : Eric Niqueux
Pour la DGAL: Alexandra Troyano-Groux
Auteur correspondant : alize.mercier@cirad.fr
Sources : OIE, FAO, ProMED, rapport CIDRAP du 27/11/2017 (lien)
Petite spatule – source : Macau Biodiversity
Le 4 décembre 2017, un cas d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N6 a été déclaré dans le Taipei chinois (Taïwan) suite à la détection du virus sur une petite spatule (Platalea minor) retrouvée morte le 1er décembre dans le Parc national Taijiang (source : OIE) (Figure 1).
Figure 1 : Cas d'IAHP H5N6 déclaré dans le Taipei chinois le 4 décembre 2017 (source : OIE)
Des mesures de contrôle ont été mises en place, avec une désinfection de la zone autour du lieu où la spatule a été retrouvée morte, ainsi qu’un examen clinique exhaustif et un échantillonnage des exploitations de volaille situées dans un rayon de 5 km autour du cas déclaré (quatre élevages de poulets) (source : OIE). Aucun signe clinique n’a été observé dans ces quatre exploitations qui demeurent sous haute surveillance pendant les trois prochains mois. Le gouvernement a aussi mis en place une surveillance active au sein des élevages de volailles à haut risque : 1) élevages de volailles situées dans un rayon de 3 km autour d’une zone humide à l’échelle du pays, 2) élevages de canards en plein-air et 3) élevages de poulets de races locales.
Deux semaines avant ce cas dans le Taipei chinois, la Corée du Sud avait déclaré le 19 novembre 2017 un foyer d’IAHP H5N6 au sein d’un élevage de volailles de 12 500 oiseaux situé à proximité d’un grand lac à Gochang dans le Sud-Ouest du pays (source : OIE).
Figure 2 : Foyer d'IAHP H5N6 déclaré en Corée du Sud le 19 novembre 2017 (source : OIE)
Depuis mai 2014, de nombreux foyers d’IAHP H5N6 sont déclarés dans plusieurs pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, touchant à la fois les oiseaux domestiques et sauvages, mais aussi l’Homme. Au 20 novembre 2017, un total de dix-sept cas humains dus au virus A(H5N6) a été recensé par les autorités sanitaires chinoises (source : ProMED).
Cependant, selon les analyses réalisées en Corée du Sud et les analyses préliminaires du laboratoire national chinois (Animal Health Research Institute – AHRI), le virus H5N6 détecté depuis novembre 2017 est différent du virus H5N6 qui avait été détecté en février 2017 et qui circulait en Asie depuis quelques années. L’hémagglutinine de ce nouveau virus est apparentée à 99 % à celle du virus IAHP H5N8 qui a été responsable de nombreux foyers en Europe depuis fin 2016 (source : ProMED), et ce nouveau virus serait le résultat d’un réassortiment entre ce virus H5N8 et un virus faiblement pathogène H3N6 détecté de manière sporadique chez les oiseaux sauvages européens (source : CIDRAP).
Cette situation est similaire au virus H5N6 détecté en Grèce en février 2017 qui était différent de la souche H5N6 qui circulait à l’époque en Asie et provenait d’un réassortiment entre le virus H5N8 qui circulait en Europe et une souche eurasienne enzootique (voir note Plateforme ESA du 6 mars 2017 – lien).
Le Japon a déclaré sept cas d’IAHP H5N6 en novembre 2017 chez des oiseaux sauvages à Matsue-shi (Cygnus olor, Aythya fuligula et Larus ridibundus) (source : OIE). Des analyses sont en cours pour déterminer s’il s’agit du même virus réassorti qu’en Corée du Sud et Taipei chinois (source : CIDRAP).