Deux cas d'anémie infectieuse des équidés détectés dans le Sud-Est de la France : Point de situation n°1 (18/01/2018)
Jean-Philippe Amat 1, 2, Jackie Tapprest 2, Delphine Gaudaire 3, Marie Grandcollot-Chabot 4*, Aymeric Hans 3
Auteur correspondant : jean-philippe.amat@anses.fr
1 Anses, Laboratoire de Lyon, Unité de coordination et d’appui à la surveillance (Ucas), Lyon, France
2 Anses, Laboratoire de pathologie équine de Dozulé, Unité Epidémiologie et anatomie pathologique (EAP), Goustranville, France
3 Anses, Laboratoire de pathologie équine de Dozulé, Unité Virologie et parasitologie équine (Vipare), LNR et LR-UE pour l’anémie infectieuse des équidés, Goustranville, France
4 DGAL, Bureau de la santé animale, Paris, France
* Membre de l’équipe opérationnelle de la Plateforme ESA
Mots clés : Anémie infectieuse des équidés, équidés, investigation
Keywords: Equine infectious anaemia, equidae, investigation
IDENTIFICATION DE DEUX FOYERS EN LIEN EPIDEMIOLOGIQUES DANS LES ALPES-MARITIMES ET LE VAR
Deux cas d’infection par le virus de l’anémie infectieuse des équidés (AIE) ont été détectés dans le Sud-Est de la France depuis le 26 décembre 2017 (Figure 1).
Le premier équidé, âgé de dix-sept ans et détenu par un particulier sur la commune de Contes (Alpes-Maritimes, 06) avec deux autres équidés, a présenté des signes cliniques à partir de mi-décembre 2017 : fatigue, ataxie des membres postérieurs puis amaigrissement. A la suite de prélèvements sanguins réalisés par le vétérinaire, des analyses de laboratoire ont été effectuées (test de Coggins) et le cas a été confirmé le 26 décembre par le laboratoire national de référence (LNR, Anses Laboratoire de pathologie équine de Dozulé). La Direction départementale de la protection des populations des Alpes-Maritimes (DDPP06) a pris un arrêté portant déclaration d'infection (APDI) le 28 décembre 2017, prévoyant l’euthanasie de l’équidé infecté et le dépistage des autres équidés du foyer comme le prévoit la réglementation.
Une enquête épidémiologique a été mise en œuvre et a conduit à identifier un second cas, chez un cheval détenu par un particulier situé sur la commune de Lorgues dans le Var (83). Dans ce second foyer, comportant deux équidés, l’infection par le virus de l’AIE a été confirmée par le LNR le 10 janvier 2018 chez un cheval âgé de dix-huit ans ne présentant pas de signes cliniques. Cette structure comporte deux sites, tous deux sur la commune de Lorgues, distants d’environ 4 km, et où étaient régulièrement stationnés les deux équidés détenus. Un APDI a également été pris pour cette structure.
Les deux foyers présentent un lien épidémiologique puisque les deux équidés infectés ont été hébergés ensemble pendant plusieurs années dans la structure de Lorgues, avant que l’un d’entre eux soit vendu et déplacé à Contes en 2016. Les premiers résultats d’analyse obtenus chez les autres équidés des deux structures sont négatifs ; de nouvelles analyses seront réalisées dans les prochaines semaines pour déceler d’éventuelles séroconversions. Les deux équidés infectés ont été euthanasiés le 8 janvier et le 15 janvier 2018 respectivement.
Figure 1. Localisation des deux foyers d’anémie infectieuse des équidés (AIE) au 18 janvier 2018
POURSUITE DES INVESTIGATIONS
Les investigations se poursuivent dans les Alpes-Maritimes et le Var par la DDPP83 et la DDPP06 et en lien avec la DGAL et l’Anses pour identifier les équidés ayant été en contact avec les deux cas, pour mettre en évidence une éventuelle circulation virale et pour déterminer l’origine des foyers. Le recensement des équidés présents sur les deux zones est en cours, avec la contribution de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) à travers les données dont il dispose dans son fichier national d’identification (base de données Sire : Système d’information relatif aux équidés) mais aussi par un appui de ses agents sur le terrain pour identifier les équidés et les structures équestres dont la localisation n’est pas déclarée. L’Anses apporte également un appui au recensement par l’identification des lieux dans lesquels des équidés morts ont été collectés par des sociétés d’équarrissage ces dernières années, via l’analyse des informations de la base de données Edi-Span (Echanges de données informatisées sur les sous-produits animaux) de la DGAL. Les équidés ayant été en contact prolongé avec les animaux infectés (détention commune, randonnées communes fréquentes, pâtures proches…) sont actuellement testés, ainsi que ceux présents dans un rayon de 2 km autour des foyers. Dans ces deux périmètres de surveillance, les mouvements d’équidés sont également interdits pour éviter la propagation du virus.
Les DDecPP, l’IFCE et le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (Respe) sont également mobilisés pour assurer le relai d’informations auprès des vétérinaires, des détenteurs d’équidés et des autres professionnels présents localement.
Il s’agit des premiers foyers d’AIE détectés en France depuis celui de mai 2015 (Hans et al. 2017). Le Sud-Est est la région française la plus touchée par l’AIE ces dix dernières années. Des foyers ont précédemment été identifiés dans le Var (2009), le Vaucluse (2012), le Gard (2012 et 2014) et l’Ardèche (2007, 2008 et 2015) (Hans, Ponçon, and Zientara 2012; Hans et al. 2015). A ce stade de l’investigation, aucun lien n’a toutefois pu être établi entre les foyers actuels et les épisodes précédents, en particulier celui du Var de 2009 : les deux équidés trouvés contaminés cet hiver n’étaient pas stationnés dans la zone de surveillance varoise en 2009. Des analyses de typage sont en cours pour tenter de caractériser génétiquement les souches virales responsables des deux cas présents et pour mesurer la proximité génétique entre les deux souches et entre ces souches et celles déjà connues.
L'ANEMIE INFECTIEUSE DES EQUIDES
Le virus de l’AIE appartient à la famille des Retroviridae. Il est responsable d’une infection persistante de l’équidé, qui devient alors un réservoir du virus. Tout équidé infecté présente un risque infectieux pour ses congénères et cela même en l’absence de signes cliniques évocateurs. |
SURVEILLANCE ET POLICE SANITAIRE DE L'ANEMIE INFECTIEUSE DES EQUIDES
Objectif de la surveillance Population surveillée Modalités de la surveillance Surveillance programmée Surveillance « volontaire » Police sanitaire |
Références bibliographiques
Hans, A., Sophie Jean-Baptiste, J. P. Amat, Fabien Chevé, Gaël Amelot, Jean-Jacques Guyot, Françoise Dalgaz, Fanny Lecouturier, Aurélie Courcoul, P. Gay, Delphine Gaudaire, and M. Grandcollot-Chabot. 2015. 'Surveillance de l’anémie infectieuse des équidés : deux foyers détectés dans le Sud de la France en 2014', Bulletin épidémiologique, santé animale et alimentation, 71: 72-76.
Hans, A., Fanny Lecouturier, G. Amelot, J. P. Amat, Delphine Gaudaire, and M. Grandcollot-Chabot. 2017. 'Etat des lieux de l’anémie infectieuse des équidés (AIE) en France en 2015 : un foyer déclaré avec un équidé positif', Bulletin épidémiologique, santé animale et alimentation: 8 p. (http://bulletinepidemiologique.mag.anses.fr/sites/default/files/M-069_2017-03-17_AIE_Pub-Ant-AHJP.pdf).
Hans, A., Nicolas Ponçon, and Stéphan Zientara. 2012. 'Situation épidémiologique de l'anémie infectieuse des équidés en France et en Europe de 1994 à 2011', Bulletin de l'Académie Vétérinaire de France, 165: 27-34.