Epidémiosurveillance en santé animale

Situation épidémiologique des virus IAHP issus du clade 2.3.4.4 en Europe au 26 mars 2018

Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Anne Bronner (DGAL), Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Sylvain Falala (Inra), Alizé Mercier (Cirad)
Pour l’ONCFS : Anne Van De Wiele
Auteur correspondant : alize.mercier@cirad.fr
 
Source : Données actualisées au 26/03/2018 inclus – ADNS, OIE, FAO Empres-i, DGAL, ProMED

Depuis le dernier point de situation au 6 mars 2018 (lien), le virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de sous-type H5N6 a été détecté au sein d’élevages :

  • Allemagne : un foyer au sein d’un élevage de poules, canards, oies et dindes (déclaration 21/03),
  • Suède : un foyer au sein d’une basse-cour composée de poules, de dindes, de faisans, de pigeons, de cailles et d’une oie (déclaration 16 mars), et
  • Pays-Bas : un foyer au sein d’un élevage (espèce non précisée) (déclaration 15/03).

 
Le virus H5N6 a aussi été détecté au sein de l’avifaune sauvage :

  • Danemark : chez quatre pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla) (quatre déclarations 26/03),
  • Irlande : chez une buse variable (Buteo buteo) (déclaration 14/03) et chez un pygargue à queue blanche (déclaration 13/03),
  • Suède : chez une buse variable (déclaration 14/03),
  • Pays-Bas : chez une buse variable et un faucon pèlerin (Falco peregrinus) (deux déclarations 23/03), et
  • Royaume-Uni : chez une buse variable (déclaration 23/03).

 
Le virus H5N8 continue de circuler avec trois foyers déclarés en Italie les 5, 9 et 13 mars au sein de deux élevages de poules pondeuses et d’un élevage de dindes d’engraissement.
 
Du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 inclus, un total de 104 foyers et cas d’IAHP H5 (dont 56 foyers et cas d’H5N8) ont été déclarés dans dix pays européens : Italie, Bulgarie, Chypre, Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni, Irlande, Suède et Danemark (Tableau 1, Figures 1 & 2). Deux sous-types ont été identifiés : H5N8 (Figure 1) et H5N6 (Figure 2). Deux foyers d’IAHP H5Nx en Bulgarie ne figurent pas sur ces cartes car le sous-type n’a pas été précisé H5N8 ou H5N6.

Figure 1 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5N6 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 inclus (source : ADNS/OIE)

Figure 1 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5N6 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 inclus (source : ADNS/OIE)

Figure 2 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5N8 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 inclus (source : ADNS/OIE)

Figure 2 : Carte des foyers et de cas d’IAHP H5N8 déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 inclus (source : ADNS/OIE)
 

Tableau 1: Nombre de cas et de foyers chez des oiseaux domestiques, sauvages et captifs, déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 par sous-type et par pays (source : ADNS/OIE)

Tableau 1: Nombre de cas et de foyers chez des oiseaux domestiques, sauvages et captifs, déclarés en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 par sous-type et par pays (source : ADNS/OIE)

 

Plusieurs filières et plusieurs espèces d’oiseaux sauvages atteintes en Europe depuis le 1er octobre 2017

En élevage, plusieurs filières ont été atteintes, que ce soit des dindes en engraissement, des canards, des oies, des poules pondeuses ou des poulets, au sein d’élevages commerciaux, ainsi que dans des basses-cours.

Au niveau de l’avifaune sauvage, le Tableau 2 reprend les oiseaux impliqués.

Tableau 2: Liste des espèces d'avifaune sauvage impliquées dans les cas d'IAHP en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 (source : ADNS) (en jaune : les nouvelles espèces/localisations depuis le dernier point)

Tableau 2: Liste des espèces d'avifaune sauvage impliquées dans les cas d'IAHP en Europe du 1er octobre 2017 au 26 mars 2018 (source : ADNS) (en jaune : les nouvelles espèces/localisations depuis le dernier point)

 

Beaucoup des oiseaux sauvages récemment infectés sont des rapaces, notamment des buses variables (Buteo buteo) et des pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla). Un certain nombre de ces buses sont probablement des oiseaux résidents, ce qui pourrait indiquer une infection diffuse dans certaines de leurs proies, qui pourrait passer inaperçue si ce sont des petites espèces comme par exemple des moineaux.

Le pigeon biset fait partie des colombidés, une famille a priori particulièrement peu réceptive aux souches d’IA en général. Les seuls cas de colombidés au monde identifiés impliquant la souche H5N8 avaient été identifiés dans le Sud-Ouest de la France (2 palombes et 5 tourterelles), en lien direct avec des élevages atteints, avec l’hypothèse d’une charge virale particulièrement importante développée dans les élevages avicoles atteints ; l’hypothèse est similaire pour l’Italie. La liste des espèces sauvages sensibles aux virus IA en Europe a été mise à disposition dans le journal de l’EFSA (Scientific opinion, adopté le 14 Septembre 2017, doi: 10.2903/j.efsa.2017.4991).

Les migrations Sud-Nord sont en pleine activité.

Détection d’un virus H5N2 en Russie

Le 29 décembre 2017, la Russie a déclaré un foyer d’IAHP H5N2 au sein d’un élevage de volailles de plus de 660 000 oiseaux, dans la région de Kostroma, au Nord-Ouest de Moscou (déclaration OIE 29/12/2017). Ce foyer avait initialement été notifié comme un foyer de H5N8 trois jours auparavant.

C’est la première déclaration d’IAHP H5N2 en Russie, la dernière présence déclarée de virus H5N2 en Europe remontant à janvier 2017 avec trois foyers au sein d’élevages en France. Toutefois, ces deux virus peuvent diverger. En effet, concernant l’origine de ce virus, deux hypothèses peuvent être formulées :

  • la mutation d’un virus H5N2 FP présent au sein de l’élevage, en virus HP (comme ce fut le cas en 2015 avec le virus H7N7 au Royaume-Uni et en Allemagne, ou les virus H5N1 et H5N2 en France),
  • un réassortiment entre le virus H5N8 HP qui a circulé en 2016-2017 avec une souche FP eurasienne, comme pour le H5N6 en Europe. En effet, les virus du clade 2.3.4.4 ont un fort potentiel de mutation, comme cela a été constaté avec l’apparition des virus H5N5 et H5N6 suite à la circulation de H5N8 en Europe lors de la saison 2016-2017.

Quoi qu’il en soit, des analyses supplémentaires sont nécessaires pour mieux définir l’origine, le lien entre et la composition génétique de ces nouveaux virus, et l’évolution de la situation épidémiologique en Europe est à suivre avec vigilance.

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